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La CGFP fait coup double

L’accord signé vendredi entre le ministre de la Fonction publique, Dan Kersch, et la CGFP ne constitue pas une surprise en soi. Trop importante était en effet la pression exercée depuis le début de l’année par le puissant syndicat de la fonction publique. Aucun gouvernement, peu importe sa composition, n’aurait risqué en pleine année électorale un véritable conflit social avec une fonction publique qui garde tout son poids électoral. La CGFP en était bien consciente et sort vainqueur sur toute la ligne des rudes négociations de ces derniers mois.

D’une manière plus globale, les fonctionnaires figurent parmi les grands gagnants de la législature qui va s’achever bientôt. Alors qu’aucun nouvel accord salarial pour la fonction publique n’était prévu au départ par le gouvernement formé par le DP, le LSAP et déi gréng, les serviteurs de l’État ont obtenu deux fois gain de cause. Tout d’abord en décembre 2016, avec notamment une prime unique de 1% de leur traitement annuel et une hausse généralisée de 1,5 % du point indiciaire, servant de base de calcul pour leur revenu.

Vendredi, l’accent a été mis sur les plus jeunes recrues de la fonction publique avec une réduction de la durée du stage et l’abolition du traitement différencié des fonctionnaires-stagiaires. Le stage de trois ans et la règle du «80-80-90» étaient imposés par des ministres du CSV. Aujourd’hui, c’est un ministre du LSAP qui concède du terrain à la CGFP, tout en mettant en avant le caractère social des mesures prises.

Les partis de l’opposition et aussi des franges de la population ne vont pas tarder à dénoncer un cadeau électoral offert par la coalition sortante afin d’espérer sauver sa peau. Dans ce cas précis, le «cadeau» devra cependant encore être confirmé par le prochain gouvernement. Le CSV, qui ne cesse plus d’annoncer vouloir faire marche arrière sur des décisions prises par l’actuel gouvernement, va-t-il oser vexer la fonction publique lors d’un éventuel retour au pouvoir ? La question ne sera tranchée qu’en fin d’année.

David Marques