Malgré des efforts législatifs, l’intégration de la communauté étrangère au Luxembourg bat encore parfois de l’aile. Lundi soir, l’ASTI a fait le point avec les six partis représentés à la Chambre des députés.
Ils ont fortement contribué à forger la richesse du pays. Ils représentent aujourd’hui près de la moitié de la population. Mais ils forment encore trop souvent une communauté parallèle. Les résidents non luxembourgeois continuent à connaître des difficultés et ce, malgré le poids qu’ils représentent dans la société du Grand-Duché.
Lundi soir, l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) avait convié à une table ronde pour faire le point sur le vivre ensemble au Luxembourg. Les six partis représentés à la Chambre des députés avaient envoyé un représentant pour débattre, notamment de la loi sur l’accueil et de l’intégration, datant de 2008, le déficit démocratique que connaît le pays et finalement les possibilités de régulariser des immigrés séjournant de manière illégale au Luxembourg.
Une des conclusions à tirer de cette soirée-débat, organisée dans le cadre de l’assemblée générale de l’ASTI, est que le vivre ensemble reste à la fois un chantier vaste et complexe. Le fait que la diversité de la société et la présence de nombreux résidents étrangers constituent «une richesse», selon la large majorité des participants à la table ronde, n’y change rien.
Les représentants politiques peinent ainsi à se montrer réactifs. Pour preuve, la loi de 2008 sur l’accueil et l’intégration, qui peine à être évaluée. «On ne dispose que de très peu d’éléments pour procéder à un état des lieux», indique ainsi le député Franz Fayot (LSAP). Des éléments comme le contrat d’accueil et d’intégration font partie de cet arsenal législatif. «Il nous manque une culture d’évaluation», souligne de son côté Charles Margue, candidat déi gréng aux prochaines élections.
Plusieurs des représentants des partis politiques ont été obligés d’avouer qu’ils oublient parfois la communauté étrangère. «Leur intégration ne doit pas être le rôle d’un seul organisme ou d’un seul ministère. On a besoin d’une approche bien plus transversale», insiste Sandrine Gashonga, candidate de déi Lénk.
Les organismes concernés par l’intégration de la communauté étrangère sont notamment l’Office luxembourgeois d’accueil et d’intégration (OLAI), mais aussi le Conseil national des étrangers (CNE). Pour Gilles Baum (DP), «il faut renforcer les moyens» de ces organismes tout en misant sur «une meilleure coopération entre l’État et les communes».
«Il faut avoir de l’ambition»
Le «consensus politique pour aller de l’avant» est bien présent pour Maurice Bauer (CSV). Selon le conseiller communal de Luxembourg, le rôle des communes «doit être clarifié» au niveau de l’intégration. Charles Margue fait un pas de plus en plaidant pour «développer un nouveau contrat» entre les communautés vivant au Luxembourg. «Il faut avoir de l’ambition», plaide-t-il. Il existerait toutefois des limites à ne pas dépasser. «Intégration n’équivaut pas à une assimilation», insiste Gilles Baum. Cela ne change rien à la position de l’ADR selon laquelle «la cohérence et la solidarité ne peuvent être forgées qu’à travers une volonté d’intégration qui se traduit par l’apprentissage de la langue luxembourgeoise», comme le résume le député Fernand Kartheiser.
En attendant une évaluation de la loi de 2008, deux autres chantiers existent. D’abord, la régularisation d’immigrés qui séjournent depuis de longues années de manière illégale au Luxembourg. En 2013, deux tiers des 600 personnes concernées ont reçu une autorisation de séjour.
Ensuite, l’afflux massif de réfugiés sur ces dernières années constitue un autre défi de taille pour le vivre ensemble. Notamment la législation sur l’accès au marché du travail pour les personnes concernées est à revoir, comme l’a indiqué Franz Fayot.
Reste à savoir comment va se traduire le vivre ensemble dans les programmes électoraux des partis. Un des objectifs de la prochaine majorité devra être de continuer à assurer la cohésion sociale alors que des premières «frictions» sont bien palpables.
David Marques