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Belval : la musique comme voie d’accès vers l’innovation numérique ?


Laurent Peckels, Olivier Zephir et Olivier Buchheit devant la porte du DX Studio du Technoport (Photo : Jean-Claude Ernst).

La musique comme voie d’accès vers de nouvelles façons de concevoir le futur du numérique? Cela n’a rien d’utopique et le Technoport de Belval l’a bien saisi. Au cœur de l’ancien site industriel, ce futur se conjugue déjà au présent.

On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais ce dont on peut être sûr, c’est que l’on y travaille à Belval. On ne fait même que ça dans les 4000 m² du Technoport, où les jeunes start-up tentent de concrétiser leurs intuitions. Et il est intéressant de constater que, parmi elles, plusieurs développent des produits en relation avec la musique.
A priori, on pourrait se dire que ce champ de travail ne fait pas partie des domaines indispensables, de ceux qui seront décisifs pour la définition de notre monde, demain. Et pourtant! La musique semble être un chemin d’accès particulièrement intéressant pour inventer de nouveaux moyens d’action avec des technologies numériques qui existent déjà.
Olivier Zephir, le business manager du Technoport, explique : «Depuis deux ans, la musique crée plus de 15 milliards d’euros de revenus chaque année, dont la moitié provient maintenant du digital. Ce secteur est un des précurseurs du numérique, il intéresse donc beaucoup les investisseurs. Les médias et le divertissement composent un domaine conséquent d’investissement, au même titre que les transports et les technologies financières!»

Spotify, modèle dominant mais vain?
Effectivement, il est impossible de nier que la consommation de la musique, de la télévision ou des jeux vidéo a été complètement bouleversée en moins d’une vingtaine d’années. Apparition de l’iPod, des baladeurs MP3 et des consoles de jeux connectées à internet autour du nouveau millénaire, développement et universalisation de la clé USB un peu plus tard… un monde tout à fait différent s’est ouvert dans un laps de temps finalement très court.
«La chaîne de valeur de la musique a été complètement bouleversée, assène Olivier Zephir. Il s’agit d’un des domaines qui ont été le plus transformés par le numérique.» Et cette transformation, justement, on ne l’a pas encore complètement digérée : il reste encore énormément à faire. «Spotify est un acteur majeur dans le monde de la musique, mais il ne gagne toujours pas d’argent… et les artistes qui y sont diffusés non plus», ajoute-t-il, sous-entendant que le modèle utilisé par le géant suédois ne représente pas nécessairement ce qui se fera dans le futur.
Ce sont ces champs d’action high-tech particulièrement vastes qui attirent l’appétit de plusieurs start-up qui collaborent au sein du Technoport, au pied des anciens hauts-fourneaux de Belval. Pour le business manager des lieux, cette orientation est finalement très logique : «La musique, ce sont des fichiers courts qui sont assez faciles à manipuler. Cela en fait un domaine intéressant pour développer de nouvelles applications technologiques.»

De l’internet de l’information à l’internet des transactions
Un secteur où tourne déjà beaucoup d’argent grâce au numérique et où le format des fichiers se prête bien à l’innovation : la musique semble donc être une porte d’accès plutôt commode pour déclencher une nouvelle révolution numérique. La situation du Technoport, à 200 m à peine de la Rockhal, est une aubaine supplémentaire et les deux institutions collaborent.
«De l’internet de l’information que nous connaissons tous, nous sommes en train de passer à l’internet des transactions», affirme Olivier Zephir. Et ce n’est pas qu’une jolie formule sémantique : l’arrivée des cryptomonnaies basées sur la blockchain, par exemple, en est un premier témoin. Un signal faible, pour l’instant, mais qui annonce de grands bouleversements. «La création du bitcoin est sans doute le plus mauvais exemple de ce que l’on peut faire avec la blockchain», souligne Laurent Peckels, musicien bassiste professionnel qui crée depuis le Technoport une nouvelle application basée sur la musique (lire par ailleurs), Interakt. Il sait de quoi il parle puisqu’il collabore également avec un autre jeune entrepreneur, Olivier Buchheit, qui collabore au projet Spectrum, un projet interne du Technoport soutenu par l’initiative Digital Luxembourg, qui propose de relier la création musicale, la gestion des droits d’auteur et leurs conditions d’usage à cette fameuse blockchain.

Erwan Nonet