La nuit du 10 au 11 février 2012 avait été très agitée dans la Métropole du fer: des coups, des cris, des courses poursuites à pied comme en voiture à travers les rues… Lundi au 8e jour du procès des douze prévenus, c’était l’heure du réquisitoire. Au final, le parquet demande de retenir le chef de tentative de meurtre à l’encontre d’un seul prévenu.
Douze prévenus d’origine cap-verdienne, âgés de 25 à 33 ans, comparaissent depuis fin mai devant la 9e chambre criminelle pour avoir été impliqués dans cette importante rixe dans la nuit du 10 au 11 février 2012 à Esch. Pas toujours facile de suivre le déroulement des faits. « C’est un dossier où nous avons plus de versions que de prévenus, car nous avons également entendu les versions de différents témoins », constatait la représentante du parquet au début de son réquisitoire, lundi après-midi. Les déclarations, il a fallu les récolter au compte-goutte.
Les premiers affrontements entre les deux groupes qui se sont opposés il y a six ans ont eu lieu devant un café avenue de la Gare. La spirale de la violence était enclenchée. Dans un deuxième temps, la grosse rixe s’est déplacée dans le quartier Brill après une course poursuite en voiture. C’est au croisement de la rue du Brill avec la rue Zénon-Bernard que l’un des prévenus a été roué de coups et a été poignardé avec un couteau. Ce « passage à tabac », comme le décrit le parquet, a pris fin quand une VW Golf a foncé à toute allure sur l’attroupement. Le jeune homme tabassé a réussi à se glisser par la vitre cassée du véhicule de son ami, qui l’a immédiatement conduit au CHEM.
« Il a piqué son adversaire dans le dos »
« Les douze prévenus étaient tous impliqués à des niveaux divers dans cette rixe », résumait la parquetière lundi après-midi. Au final, elle demande de retenir la tentative de meurtre uniquement contre l’auteur des coups de couteau. Lui-même ne s’est pas présenté à son procès, mais le parquet se base sur plusieurs déclarations concordantes. « En piquant son adversaire dans le dos, il a pris le risque de mettre fin aux jours de sa victime. L’intention de tuer doit être retenue », analyse la représentante du ministère public. Pour une tentative de meurtre, on encourt entre 20 et 30 ans de réclusion. Vu l’ancienneté des faits et le contexte particulier, les deux bandes se cherchant mutuellement tous les week-ends, elle requiert dix ans de prison – trois ans pourraient néanmoins être assortis du sursis.
Au départ, le ministère public poursuivait également le conducteur de la VW Golf pour tentative de meurtre pour avoir foncé à vive allure vers le groupe des assaillants de son ami. La voiture avait fini par percuter le coin d’un immeuble. Certes, le groupe enragé a battu en retraite. « Mais il n’est pas établi à l’abri de tout doute que le conducteur voulait viser quelqu’un en particulier », estime la parquetière.
Pour sa détention d’armes prohibées, elle requiert néanmoins une simple amende. Soit la même peine que contre la victime principale du dossier. « Tous ses agresseurs s’accordent pour dire qu’il a brandi la machette pour les tenir à distance. » Si de l’avis du parquet on peut retenir qu’il tenait la machette en main, il est toutefois difficile de retracer s’il a menacé quelqu’un avec cet engin. Un troisième prévenu risque également une amende pour avoir brandi un elektroschocker.
Trois des douze prévenus à acquitter
Contre cinq autres prévenus, auteurs de coups et de blessures avec ou sans arme, le parquet requiert une amende et des peines de prison allant de six mois avec sursis à deux ans en fonction de leur degré d’implication. Et il ordonne la confiscation de toutes les armes.
Enfin, il demande l’acquittement des trois derniers prévenus. Faute d’éléments de preuve suffisants. Parmi eux se trouve le jeune homme qui purge depuis deux ans sa peine à Arlon pour des faits de rébellion.
À noter que, pour ce procès, l’ordre des plaidoiries et du réquisitoire a été exceptionnellement inversé. Cela a permis au parquet de préciser quelles infractions il reproche à quel prévenu. Mercredi après-midi, la parole sera donc à la défense.
Fabienne Armborst