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Le Pakistan va libérer un leader extrémiste considéré comme un terroriste par Washington


Le chef d’un des groupes islamistes sectaires les plus violents du Pakistan devrait sortir de prison cette semaine, ont annoncé mardi des responsables locaux, une semaine après le massacre de 134 écoliers par des talibans qui a choqué le pays.

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La fin du moratoire « est largement soutenue par la population », explique-t-on du côté du gouvernement. (Photo : AFP)

Cette annonce sème la confusion au moment où le gouvernement d’Islamabad s’est officiellement engagé après ce carnage à éradiquer l’extrémisme sans exception, y compris les groupes avec lesquels ils est depuis longtemps accusé de collusion. Malik Ishaq est le chef du Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), un groupe armé interdit proche d’Al-Qaïda, qui a revendiqué de nombreuses attaques meurtrières ces dernières années, dont deux contre la minorité chiite ayant causé la mort de près de 200 personnes en 2013. Considéré par le département d’Etat américain comme un « terroriste global », mais influent dans la province du Pendjab, fief du Premier ministre Nawaz Sharif, Malik Ishaq devrait sortir de prison jeudi, selon des sources judiciaires. Lundi, une commission de trois juges de la Haute Cour de Lahore, capitale du Pendjab, l’a en effet blanchi des accusations d’incitations à la violence et à la haine pour lesquelles il est détenu, a annoncé un responsable de l’administration judiciaire. Sa libération risque de semer le doute sur la réelle volonté du gouvernement de Nawaz Sharif, qui avait affirmé lundi vouloir éradiquer le « cancer » de l’extrémisme sectaire, de ne plus tolérer aucun groupe armé extrémiste sur son territoire. Le gouvernement a présenté l’attaque contre l’école de Peshawar, revendiquée par les rebelles talibans du TTP, comme un « mini 11 septembre », et annoncé des « changements radicaux » dans sa politique de sécurité intérieure. L’armée a depuis multiplié ses opérations contre les repaires et cellules présumés de talibans, et le gouvernement a annoncé la fin du moratoire en vigueur depuis 2008 sur les exécutions de civils condamnés à mort. –

> Soutien populaire aux exécutions

Six ont été exécutés depuis, et le gouvernement a annoncé qu’il envisageait la pendaison de près de 500 condamnés à mort ces prochaines semaines, malgré les protestations de l’ONU et de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, opposées à la peine capitale, faisant valoir que celle-ci n’a jamais contribué à faire baisser les actes de le terrorisme. La fin du moratoire « est largement soutenue par la population », explique-t-on du côté du gouvernement. De fait, dans un pays encore sous le choc de l’attaque de Peshawar, dont le bilan est monté mardi à 150 morts dont 134 écoliers, rares sont les Pakistanais interrogés cette semaine par l’AFP dans plusieurs villes qui ne soutiennent pas cette mesure. « Je soutiens la peine de mort car les meurtriers et terroristes ne méritent aucune clémence », estime ainsi Mohammed Ali, 45 ans, un commerçant de Lahore. « Les exécutions vont attiser la peur chez les terroristes et il n’oseront plus commettre de tels actes inhumains la prochaine fois », assure Faheem Khan, 32 ans, employé d’une société privée. Mais derrière l’unanimité percent toutefois des critiques contre l’armée, accusée de n’arrêter ou n’exécuter que ceux qui se sont attaquées à elle, où à ses enfants dans le cas de l’école de Peshawar, et d’épargner d’autres leaders ou groupes extrémistes. Car si les autorités semblent décidées à éradiquer le TTP, qui leur a déclaré la guerre, elles sont toujours accusées de nourrir l’extrémisme et les violences dans le pays en épargnant d’autres groupes islamistes, dont le LeJ, par électoralisme ou par calcul stratégique. En effet certains peuvent défendre les intérêts du Pakistan, notamment au Cachemire, région himalayenne que revendiquent à la fois l’Inde et le Pakistan, ou en Afghanistan. « Les autorités devraient également s’intéresser aux groupes jihadistes qui enlèvent des enfants, leur font subir un lavage de cerveau et en font des combattants », souligne ainsi Saima Hussain, étudiante en sciences politiques à l’université de Lahore.

AFP