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Soins infirmiers à domicile : au cœur d’une tournée


Le Quotidien a accompagné Nathalie Prunot, infirmière depuis 18 ans, dans sa tournée à domicile. (Photo : Sarah Melis)

Le réseau Help envoie tous les jours du personnel médical et paramédical chez des personnes nécessitant des soins. À Esch-sur-Alzette, des patients ont accepté notre présence pendant leurs soins quotidiens, prodigués par Nathalie Prunot, leur infirmière.

Entrer dans l’intimité des gens, qui sont malades, n’est pas une mince affaire. C’est pourtant le quotidien des équipes médicales et paramédicales du réseau Help. Depuis dix ans, Nathalie Prunot, infirmière, va de maisons en appartements pour prodiguer des soins, à ces personnes qui en ont besoin. Jeudi, quatre d’entre elles ont accepté notre présence à leurs côtés. Ils ont bien voulu partager leur expérience.

Chez Jean-Pierre et Jacqueline

Jean-Pierre Charles Houyoux, 88 ans, est cardiaque. Tous les jours, il reçoit des injections afin d’éviter les risques d’une thrombose, un caillot de sang qui se forme dans un vaisseau sanguin ou dans le cœur.

Lui et son épouse Jacqueline, avec qui il est marié depuis 65 ans, l’assurent : « Tous les soignants sont très gentils. » « Bien sûr, on peut avoir des préférences parce qu’ils ont tous leur méthode de travail », ajoute Jean-Pierre Charles, sourire aux lèvres. « Ce qui est sûr, c’est que Nathalie a des gestes très doux », dit-il. Pour eux deux comme pour les autres patients, les journées défilent au rythme des horaires de soins. « Nous faisons notre maximum pour ne pas compliquer la vie des patients , explique Nathalie Prunot, mais il est vrai que pour certains, ce rythme est plus difficile à supporter. Par exemple, pour un patient diabétique, les soins démarrent très tôt le matin .» Et ces restrictions ne sont pas du goût de tous…

Chez Jean Dünnebeck

« C’est difficile de me contraindre à rester à la maison pour attendre les infirmiers », explique Jean Dünnebeck, 71 ans et diabétique. « Je n’aime pas rester sans rien faire, je n’aime même pas dormir, je considère que c’est du temps perdu! », dit-il. Depuis dix ans, cet homme à l’immense carrure, joyeux luron à l’humeur blagueuse, souffre du diabète. « J’ai commencé par prendre des médicaments, et je suis passé à l’injection à l’insuline parce que la maladie a évolué », raconte-t-il. À présent, il doit bien évidemment surveiller son alimentation mais aussi contrôler son taux de sucre trois fois par jour. S’il est haut, l’injection est nécessaire. « C’est pour cela que les équipes viennent aussi souvent, mais certains patients ont des pathologies et des traitements bien plus lourds, malheureusement », explique l’infirmière.

Chez Edouard Joseph Müller

Edouard Joseph Müller est l’un d’entre eux. Autrefois travailleur à l’usine, l’homme de 81 ans est paraparésique depuis treize ans. La paraparésie est une forme moins importante de la paraplégie (une paralysie des membres inférieurs). Mais ce n’est pas cela qui a brutalement cloué l’homme au lit. « Avant sa maladie, il bougeait beaucoup. Il était très bricoleur. Il faisait de la mécanique aussi» , explique Marie-Louise, son épouse. «J’ai absolument tout construit dans cette maison, ajoute-t-il, je faisais même de la couture.» «Et même après, il était très autonome », dit-elle.

C’est une foudroyante bronchite qui l’a conduit à l’hôpital il y a deux mois. Depuis, Edouard Joseph, qui garde le sourire malgré son état, ne peut plus bouger. Mais « c’est difficile à vivre, et j’ai beaucoup de douleurs », avoue-t-il. L’homme reçoit la visite d’aides-soignants cinq fois par jour, pour l’aider à se lever, faire sa toilette, le déplacer du lit au fauteuil et inversement. Nathalie, qui prépare un diplôme universitaire «Plaies et cicatrisations» à Nancy, s’occupe régulièrement de lui. C’est elle qui soigne ses plaies et escarres causées par son immobilisation. Une situation que les époux, inséparables et amoureux depuis 54 ans, prennent du bon côté. « Il y a toujours du monde à la maison », disent-ils gaiement. Mais c’est aussi une aide conséquente pour Marie-Louise, épouse dévouée, qui n’a jamais cessé de s’occuper de son mari. Tous deux portent le bracelet Help 24 (NDLR : un système d’appel et d’assistance) qui permet aux patients de rester autonomes mais tout en pouvant appeler le réseau si besoin. «C’est rassurant », précise-t-elle. Des patients comme Edouard Joseph Müller, « il y en a beaucoup », dit Nathalie Prunot, mais les patients ont des profils très variés: des personnes âgées, parfois atteintes de démence, des jeunes victimes d’accident domestique ou encore du travail ».

Chez Mario Rui Teixeira Guedes

Le 13 mai dernier, Mario Rui Teixeira Guedes, âgé de 32 ans, a eu un accident du travail. Un coffrage métallique lui est tombé dessus, lui broyant littéralement le pied. Depuis, le jeune père de famille, qui travaille dans le bâtiment, reçoit des soins postopératoires, notamment des pansements et des injections antithrombose. « Dans huit semaines, on me retirera les clous que j’ai dans le pied », explique-t-il, content que ce douloureux accident n’ait pas viré au drame…

Sarah Melis