A l’instar de l’affaire qui a provoqué vendredi la chute du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, plusieurs scandales politico-financiers ont pesé en Europe depuis dix ans, entraînant la démission de dirigeants et des condamnations en justice pour certains d’entre eux.
En Espagne, le Premier ministre conservateur a été renversé par une motion de censure déposée par le Parti Socialiste (PSOE) après la condamnation de son Parti Populaire (PP) dans un procès pour corruption. Mariano Rajoy a fini par jeter l’éponge vendredi.
Cette condamnation, le 24 mai, a constitué l’épilogue judiciaire de l’affaire « Gürtel » : 29 personnes dont une douzaine d’anciens cadres ou élus du PP ont été condamnées à un total de 351 ans de prison.
Meurtres de journalistes et corruption
Fin février 2018, le double meurtre d’un journaliste anticorruption Jan Kuciak et de sa fiancée a plongé la Slovaquie dans une crise qui a débouché sur la démission mi-mars du Premier ministre Robert Fico puis, un mois plus tard, du ministre de l’Intérieur et du chef de la police. Le journaliste enquêtait notamment sur une affaire de corruption impliquant la mafia italienne et des politiques slovaques, y compris dans l’entourage du chef du gouvernement.
A ce meurtre s’ajoute celui de la journaliste d’investigation maltaise Daphne Caruana Galizia, morte le 16 octobre 2017 dans une l’explosion à la bombe de son véhicule. Elle enquêtait sur la corruption au sein du gouvernement maltais. Ses enquêtes avaient déjà aboutit sur la révélation de faits de corruption qui avaient entrainés en juin des élections anticipées à Malte.
En octobre 2015, l’incendie d’une discothèque à Bucarest (plus de 60 morts) avait suscité une vague de protestations contre une classe politique corrompue et provoqué la démission du chef du gouvernement, Victor Ponta (PSD), visé par plusieurs enquêtes judiciaires. Courant mai, l’ancien Premier ministre a été acquitté en première instance dans un procès où il était accusé de faux et de blanchiment à l’époque où il était avocat.
Le Premier ministre conservateur slovaque Janez Jansa est renversé en février 2013 par le Parlement, après plusieurs semaines de manifestations. Mis en cause pour des irrégularités dans sa déclaration fiscale, il était déjà accusé d’avoir reçu des dessous de table sur un contrat d’armement lors de son précédent mandat (2004-2008). Il a été condamné depuis à deux ans de prison ferme.
En juin 2013, le Premier ministre tchèque de centre droit Petr Necas démissionne à la suite d’un scandale de corruption et d’abus de pouvoir, impliquant sa plus proche collaboratrice et maîtresse. Le parquet renonce à engager des poursuites.
L’ouest de l’Europe aussi touché
Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien à trois reprises entre 1994 et 2011, a eu de nombreux démêlés judiciaires. D’acquittements en prescriptions, l’ex-Cavaliere a pour l’instant écopé d’une seule condamnation définitive en août 2013 dans une affaire de fraude fiscale qui lui a valu d’effectuer des travaux d’intérêt général, mais également de perdre son siège au Parlement. Il vient d’être « réhabilité » par le tribunal de Milan et a retrouvé son éligibilité.
Depuis le scandale des « caisses noires » de la CDU, en 1999, qui amènera l’ancien chancelier Helmut Kohl (1982-1998) à acquitter une lourde amende, l’Allemagne se montre sourcilleuse. Ainsi, en 2012, le président de la République Christian Wulff doit démissionner, accusé de trafic d’influence pour avoir accepté un cadeau de 700 euros d’un producteur de cinéma, et de pressions sur la presse pour bloquer des informations sur ses liens financiers avec un entrepreneur. Il sera relaxé deux ans plus tard.
De 2004 à 2009, au Royaume-Uni, plus de la moitié des députés ont commis des irrégularités dans leurs notes de frais, pour plus d’un million d’euros, selon un audit publié en février 2010, quelques mois après des révélations du Daily Telegraph. Ont ainsi été remboursés à des élus un abri flottant pour canards, des boîtes d’allumettes, des films pornographiques ou des intérêts de prêts immobiliers inexistants.
L’affaire entraîne les démissions de la ministre travailliste de l’Intérieur Jacqui Smith et du Speaker (président) de la Chambre des Communes, Michael Martin. Sept parlementaires, conservateurs ou travaillistes, seront condamnés à des peines de prison ferme.
En Belgique, le Premier ministre chrétien-démocrate Yves Leterme démissionne en décembre 2008, accusé d’ingérence dans des décisions de justice pour sauver la banque Fortis de la faillite, le « Fortisgate ». Mais il sera lavé des accusations après une enquête, et redeviendra Premier ministre de 2009 à 2011.
Le Quotidien/AFP