Le Luxembourgeois Chani Medjoub condamné à dix ans de prison en Algérie se plaint d’un «acharnement judiciaire». Son comité de soutien appelle ce dimanche les autorités luxembourgeoises à agir pour que le dossier soit réexaminé devant la Cour suprême d’Alger.
Chani Medjdoub, un ressortissant algéro-luxembourgeois détenu en Algérie depuis 2009 et principal accusé dans un procès retentissant pour corruption, est en grève de la faim pour dénoncer « un acharnement de la justice», a affirmé mercredi dernier sa défense.
Un comité de soutien a été créé pour soutenir Chani Medjoub (son site internet ici) et publie ce dimanche un communiqué réclamant notamment des autorités luxembourgeoises et européennes de « tout faire pour que la Cour Suprême examine le pourvoi en cassation dans les plus brefs délais, sachant que cette procédure peut prendre des mois, voire des années ».
Arrêté à Alger par les services secrets et placé en détention depuis maintenant plus de cinq ans, Chani Medjdoub, consultant juridique et financier du consortium chinois Citic CRCC, a été condamné le 7 mai à 10 ans de prison par le tribunal criminel d’Alger.
Une quinzaine de personnes ont été jugées dans cette affaire, portant sur la construction d’une autoroute, et condamnées à des peines allant de un à 10 ans de prison pour corruption. « Il a commencé la grève dimanche », a déclaré Me Tayeb Belarif, l’un des avocats de Chani Medjdoub. « Il proteste contre un acharnement de la justice contre lui. […] Dans le cadre de cette affaire, Chani Medjdoub a fait l’objet de deux autres procédures judiciaires, l’une ayant conduit à sa condamnation à 15 ans de prison, avant le procès de l’autoroute» , a précisé l’avocat.
Pas d’appel possible
D’un budget de 6 milliards de dollars à la base, la construction de l’autoroute Est-Ouest a vu son coût grimper à 13 milliards, selon des estimations officielles, et à 17 milliards selon d’autres sources.
Au total, 16 personnes et sept sociétés étrangères étaient jugées pour corruption, blanchiment d’argent et dilapidation de deniers publics dans ce procès où des noms de ministres ont été cités comme bénéficiaires de pots-de-vin.
Outre Chani Medjdoub, un ancien cadre du ministère des Travaux publics, Mohamed Khelladi, a également écopé de 10 ans de prison. Tous deux ont été également condamnés à une amende de 30 000 euros chacun. Me Belarif a indiqué que la défense avait introduit un pourvoi en cassation contre la peine prononcée contre Chani Medjdoub.
Il n’est pas possible de faire appel d’un verdict de tribunal criminel dans le droit algérien. Il est possible en revanche de se pourvoir en cassation, selon Me Belarif.
Le Quotidien