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« Croissance qualitative » : l’usine Knauf choisirait plutôt la Lorraine…


Dans sa chronique du jour, le directeur du Quotidien revient sur le feuilleton économique (et très politique...) de l'usine Knauf (Photo :DR).

C’est une affaire qui va alimenter la campagne des législatives luxembourgeoises entre pro « croissance qualitative » (donc opposés aux entreprises trop peu productives et/ou polluantes) et les sceptiques… l’usine Knauf, spécialiste de la laine de roche et de l’isolation, s’implanterait finalement à Illange, en Lorraine, plutôt qu’au Luxembourg.

L’information a été donnée par le ministre de l’économie Etienne Schneider sur son fil Facebook, ce mardi soir, après que RTL s’en soit fait l’écho. L’usine de production de laine de roche du fabriquant allemand Knauf, un temps pressentie pour une implantation dans le secteur de Sanem, devrait finalement choisir un site en Lorraine… à la frontière luxembourgeoise. Il s’agirait d’une zone à Illange, proche de Thionville, non loin du port éponyme donc.

knauf

Dans son post, le ministre explique à gros traits que le Luxembourg y perd sur tous les tableaux : l’emploi et les différents impôts en Lorraine, la pollution au Luxembourg à cause « des vents d’ouest ». C’est un peu vite jouer les Monsieur Météo mais il y a de ça…

Le ministre charge les pro-croissance qualitative d’avoir fait capoter le dossier au Luxembourg, en prétextant que le pays ne peut plus se permettre d’accueillir des entreprises trop consommatrices de terrain, trop polluantes, et surtout trop gourmandes en emplois dont le taux de productivité n’est pas assez élevé… En clair, tous ceux qui misent sur le plan Rifkin et la Troisième révolution industrielle (économie décarbonnée), sans forcément être le doigt sur la couture, mais en le considérant comme socle d’avenir.

C’est en fait le débat central…

Ce coup de gueule publié sur Facebook va sans aucun doute relancer le débat des législatives sur ce thème majeur qu’est la croissance qualitative. Si le refus d’une entreprise qui vient avec 100 millions d’euros sur la table peut choquer, le débat n’en mérite pas moins d’exister : en continuant sur un taux de productivité constant, si le Luxembourg veut maintenir son système de retraite (donc une croissance à 3,2%), il faudrait tabler sur la création de plus de 390 000 emplois nouveaux sur 20 ans ! On voit bien la limite de l’exercice, surtout dans un pays qui a besoin de foncier pour combler sa pénurie de logements, surtout dans un pays qui connaît déjà un taux d’actif par habitant totalement hors sol (voir graphique ci-dessous).

(Graphique : Claude Gengler)

Généralement, un pays compte au moins deux fois plus d’habitants que d’emplois. Prenons
la France métropolitaine : 65 millions d’habitants pour un peu moins de 30
millions d’actifs . Le Luxembourg est loin de ce ratio. (Graphique : Claude Gengler)

Dernier paramètre, pour tous ces bourgmestres qui en ont marre de voir s’étirer les files de frontaliers, du côté de Schengen par exemple : en voilà plusieurs dizaines qui iront travailler chez eux.

Hubert Gamelon