Avec son coup droit « lasso » et son infatigable défense, Rafael Nadal avait conquis le premier de ses dix titres à Roland-Garros en 2005. Treize ans après, l’Espagnol est toujours le roi de la terre battue et a réussi sur toutes les autres surfaces, en ayant su faire évoluer sa panoplie.
Service plus varié, revers plus tendu, une passion pour le jeu inébranlable et une défense toujours excellente… Quand il soulève la Coupe des Mousquetaires pour la première fois, Nadal s’appuie « sur un service slicé avec la volonté d’avoir un pourcentage de premières balles très élevé », explique Sébastien Grosjean, ancien n°4 mondial et consultant pour la chaîne BeInSports.
« Il vise avant tout le revers adverse », ajoute-t-il. « Aujourd’hui, il varie beaucoup plus et peut multiplier les zones d’impact de la balle. Il est capable de frapper beaucoup plus fort également », poursuit l’ancien entraîneur de Richard Gasquet. « Il ne faut pas oublier que lorsque qu’il gagne en 2005, il n’avait que 19 ans et était encore un joueur en formation. »
Carlos Moya comme nouveau coach
Entraîné depuis ses débuts jusqu’à l’an passé par son oncle Toni Nadal, le n°1 mondial est aujourd’hui épaulé par Carlos Moya qui avait déjà intégré son staff en 2017. Le lauréat de Roland-Garros 1998 joue un rôle non négligeable dans son évolution au service « au niveau des zones » selon Grosjean. « Il le connaît depuis qu’il est gamin et ils viennent tous deux de Majorque. Il s’entraînait déjà avec lui quand Nadal avait 13 ou 14 ans. C’était un peu son mentor. »
Et la personne idoine pour prendre le relais de Toni Nadal avec toutefois « un discours différent ». Son revers a beaucoup évolué au fil des années, estime Grosjean. « Il peut le jouer plus tendu et trouver toutes les zones. Il utilise aussi le slice ». Des améliorations qui lui ont permis de s’imposer sur les autres surfaces. « En particulier à Wimbledon où on ne l’imaginait pas capable de gagner à ses débuts, lorsqu’il était considéré avant tout comme un « terrien » », souligne-t-il.
A Londres, le Majorquin s’est imposé deux fois, en 2008 en battant Roger Federer dans une finale restée dans les annales, et en 2010. Il y a disputé trois autres finales (2006, 2007, 2011) et compte en outre un titre à l’Open d’Australie (2009) et trois trophées à l’US Open (2010, 2013, 2017).
Plus offensif qu’avant
Nadal est plus offensif qu’à ses débuts et joue « plus près de la ligne de fond », souligne l’ancien demi-finaliste de Roland-Garros (2001), de l’Open d’Australie (2001) et de Wimbledon (2003, 2004). « Carlos Moya le pousse à être plus offensif », souligne Grosjean, pour qui sa défense tout-terrain l’aide à être plus tranchant en attaque.
« Cela reste un excellent défenseur. Il bouge toujours aussi bien. Il arrive à contrôler l’échange surtout sur terre battue. Il est très difficile à déborder et a presque moins besoin de courir », souligne l’ancien n°4 mondial, qui avait perdu face à Nadal à Roland-Garros (en huitièmes de finale) l’année du premier sacre parisien du Majorquin.
« La discipline qu’il a pour le tennis, la manière dont il s’entraîne, chaque jour, cela n’a pas changé », affirme Grosjean. « Son objectif, c’est d’être un meilleur joueur l’année d’après et d’essayer de progresser dans tous les secteurs. » Son carburant? « La passion pour le jeu, restée intacte. C’est ce qui l’aide à faire évoluer son jeu. » Et à garder le mental d’acier qui lui a permis de revenir au plus haut niveau après deux années (2015, 2016) sans titre du Grand Chelem. « Même lorsqu’il jouait moins bien, il n’est jamais sorti du Top 10 mondial (présent depuis fin avril 2005) », souligne Grosjean, pour qui Nadal s’est amélioré « dans tous les secteurs ».
Le Quotidien/AFP