Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Pour un auteur, les raisons sont multiples de garder l’anonymat ou voiler son identité réelle. Le plus célèbre pseudonyme dans la littérature luxembourgeoise est certainement «Dicks», le nom d’emprunt littéraire d’Edmond de la Fontaine.
Nicole Sahl, conservatrice au Centre national de littérature à Mersch, s’est lancée dans la publication de Kleines ABC der Pseudonyme in Luxemburg (ISBN 978-2-99903-627), un véritable complément au Dictionnaire des auteurs luxembourgeois. L’auteure se penche sur la question de savoir pourquoi un auteur (ou un journaliste) utilise un nom d’emprunt. Dans le cas d’une personnalité politique, par exemple, il peut s’agir de marquer la distance que la personne prend avec son engagement comme personnalité de la vie publique («Fernand Le Chartreux»).
Nicole Sahl retrace également les difficultés pour retrouver parfois l’identité de l’auteur véritable ou les confusions qui peuvent être entretenues pendant longtemps. Son livre se lit comme une histoire passionnante de la littérature du Grand-Duché, grâce aussi aux innombrables illustrations.
Au moment où l’hebdomadaire satirique De neie Feierkrop a annoncé la cessation prochaine de sa parution, la divulgation des pseudonymes des collaborateurs est une faible consolation. Néanmoins, l’auteure doit aussi reconnaître, malgré ses recherches approfondies, ne pas avoir pu divulguer toutes les identités : pour le pseudonyme «de Luussert», par exemple, qui a surgi dans les colonnes du Luxemburger Wort à l’époque de la coalition socialiste-libérale (1974-1979), elle laisse subsister le doute entre plusieurs personnalités.
Jean Rhein
