Des chiffres d’affaires en chute libre, des nuisances diverses et même des clients qui se blessent… Les commerçants de la rue des Capucins prennent plus ou moins leur mal en patience, avant la fin des travaux prévus en septembre. Théoriquement.
Moi, c’est simple, depuis octobre, j’ai un manque à gagner de 60 000 euros directement lié aux travaux dans la rue des Capucins », témoigne un commerçant du centre Brasseur. « Ces travaux, c’est un interrupteur d’affaires.
En regardant ma comptabilité, on peut faire un suivi presque jour par jour des travaux, car ceux où ils arrêtent les travaux, comme par miracle, les clients reviennent », poursuit ce gérant qui nous a contacté, mais qui préfère pourtant rester anonyme. Pourquoi cette discrétion? « Je ne veux pas avoir d’ennuis supplémentaires », explique-t-il, méfiant.
Depuis octobre dernier, la rue des Capucins est devenue un véritable chantier, dans tous les sens du terme, à cause de travaux de renouvellement des réseaux de distribution : des ouvriers percent le sol, changent des canalisations, occasionnant, c’est inévitable, des désagréments pour les commerçants et les riverains. « Mais certaines choses sont évitables », corrige ce commerçant.
D’abord, « ce que je ne comprends pas, c’est qu’ils ont commencé les travaux en octobre, alors que l’hiver arrivait. Et un mois après, ils ont dû arrêter, car avec le béton, en dessous d’une certaine température, ce n’est pas la peine.
Mais on avait toujours les barrières et la rue en mauvais état. Pendant les fêtes de Noël en plus! Merci du cadeau », ironise-t-il.
S’ensuit une litanie de problèmes : « Il y a eu les poubelles placées à l’entrée de la galerie, bloquant le passage. Il y a eu des barrières rouges laissées le vendredi soir, qu’on doit déplacer nous-mêmes le lendemain pour accueillir les clients… Ou des barrières qui empêchent les poussettes de passer. J’ai un panneau publicitaire qui a été cramé par une de leurs machines… »
Et les services municipaux? « On a envoyé une lettre à la mairie, sans réponse. On aurait au moins voulu entendre un « désolé » de leur part », affirme-t-il.
Il conclut : « Ce qui me gêne le plus, c’est la façon dont est géré le chantier, qui aurait pu avancer plus vite. Quand on voit cinq ouvriers qui regardent un autre travailler… »
«Une personne s’est cassé le poignet»
Des critiques contre les ouvriers qui ne sont pas appréciées du côté de l’épicerie Bourkel. « Les ouvriers travaillent très bien et sont gentils, ce n’est pas leur faute. Le problème, c’est l’organisation », témoigne une vendeuse. Marie-Michèle Bourkel, la gérante, confirme : « Notre magasin est une affaire familiale qui a presque 70 ans. Mais moi je n’ai jamais connu des conditions comme ça. C’est mauvais pour le commerce évidemment. Les clients fuient à cause des travaux. »
Vendredi, la rue était épargnée par les travaux, à cause du pont pour le jour férié de l’Ascension. Mais les jours normaux, les étals de fruits et légumes disposés devant le magasin en font les frais : « Les travaux font une poussière pas possible, donc, comment voulez-vous que les clients aient envie d’acheter les produits qui sont dehors? »
« Depuis octobre, celui qui dit qu’il n’a pas de désagrément ou de perte de chiffre d’affaires est un menteur , renchérit Kathleen, directrice commerciale du magasin Cashmere, qui se trouve à deux pas de là. Les gens en ont marre, du bruit, des désagréments. Et pas que les commerçants et les clients, les résidents aussi. » Elle poursuit : « Des gens sont même tombés, une personne s’est cassé le poignet, à cause de l’état de la chaussée. »
« On a reçu un mail de l’Union des commerçants (NDLR : qui n’était pas joignable vendredi). Il disait qu’ils avaient une réunion sur le sujet. Mais rien n’a changé.»
«Je suis ici depuis quatre ans. La crise est passée par là, mais ces travaux n’aident pas. On sait que les travaux sont nécessaires. Le problème, c’est comment ils sont faits, le manque de considération pour les commerçants et les clients…»
« Le bruit a couru que les travaux devaient être terminés le 10 mai… Maintenant, on parle de la rentrée.» La fin des travaux est effectivement prévue pour septembre.
Et Kathleen de conclure, fataliste : « On voit le bout, donc il faut attendre… en espérant qu’ils ne doivent pas tout rouvrir plus tard à cause d’un tuyau mal installé! »
Romain Van Dyck