Le Japon et l’Union européenne ont informé vendredi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’ils étaient prêts à prendre des mesures de représailles contre les États-Unis après leur décision d’imposer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium.
Tokyo a d’abord affirmé « avoir le droit » d’instaurer des taxes sur des marchandises américaines à hauteur de 50 milliards de yens (385 millions d’euros). Ce montant correspond à l’impact sur les exportations nippones des taxes douanières décidés par l’administration Trump, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le ministère n’a pas donné de détails sur les produits visés ni sur la date de mise en œuvre de ces mesures de rétorsion.
Quelques minutes plus tard, c’était Bruxelles qui montait au créneau. « L’UE a notifié à l’OMC une liste de produits américains sur lesquels elle pourrait à l’avenir appliquer des droits d’importation supplémentaires » si l’exemption dont elle bénéficie jusqu’au 1er juin ne devenait pas définitive, a indiqué l’exécutif européen dans un communiqué. Donald Trump avait promulgué le 8 mars des taxes de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium tout en exemptant certains partenaire comme le Canada et le Mexique, mais aussi l’UE de manière temporaire.
Le Japon n’a en revanche pas été exempté malgré son statut de proche allié et les efforts du Premier ministre Shinzo Abe, qui a courtisé Donald Trump avec assiduité. Comme pour le Japon, il s’agirait pour Bruxelles « de compenser de manière équivalente l’impact des mesures tarifaires américaines », à hauteur de 2,8 milliards d’euros, un chiffre qu’elle juge « mesuré ». L’Union européenne a exporté 5,3 milliards d’euros d’acier et 1,1 milliard d’euros d’aluminium vers les États-Unis en 2017. Ces éventuelles représailles pourraient être mises en place en toute légalité, si elle le décidait, « à compter du 20 juin 2018 ».
Amadouer les « amis » américains
Parmi les produits concernés se trouvent le tabac, le bourbon, les jeans, les motos, des produits de beauté ou textiles et toute une série de produits en acier. Les Européens espèrent cependant échapper aux taxes américaines. Les dirigeants des 28 pays de l’UE viennent de définir une offre commerciale pour amadouer les États-Unis avant la date fatidique du 1er juin. Ils se disent prêts à discuter d’une réduction des barrières tarifaires dans l’industrie, à rapprocher les réglementations, à approfondir les relations en matière d’énergie et à travailler sur la réforme de l’OMC.
L’UE est « prête à parler de libéralisation du commerce avec nos amis américains, mais seulement si les États-Unis décident d’une exemption illimitée des droits de douane sur l’acier et l’aluminium », a résumé jeudi le président du Conseil européen Donald Tusk.
De son côté, Tokyo durcit singulièrement le ton après l’échec du dialogue avec Washington, dont les taxes « pourraient avoir un grave impact sur les relations économiques » entre les deux partenaires. Dans ce dossier, l’OMC a également été saisie par la Russie et la Chine en avril. Pékin, qui est en outre menacé d’autres taxes sur 50 milliards de dollars de marchandises, a agité la menace de représailles d’un même montant à l’égard des États-Unis. Les deux pays négocient actuellement à Washington pour essayer de trouver un terrain d’entente.
Le Quotidien/AFP