À l’été dernier, le quadragénaire avait poignardé une jeune femme lors d’une fête à Kockelscheuer. Pour le parquet, il avait prémédité son acte.
Il a continué à piquer sa victime à l’aveugle alors qu’il était en train de prendre des coups de chaise. Il n’avait pas l’intention de blesser, mais de tuer. » Dans son réquisitoire, vendredi matin, le premier substitut Laurent Seck n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié le prévenu Dario C. (42 ans) d’«extrêmement dangereux et violent».
Les faits reprochés remontent au 8 juillet 2017. Aux alentours de 19 h 30, lors d’une fête à Kockelscheuer partagée par une partie de la communauté de la Guinée-Bissau, le quadragénaire muni d’un couteau à éplucher avait poignardé une jeune femme de 28 ans. La victime avait été transportée à l’hôpital après avoir essuyé près de dix coups de couteau, dont au moins trois dans la région de la nuque.
« J’ai perdu la tête et je l’ai piquée », s’était défendu le prévenu, mercredi à la barre, niant avoir eu l’intention de la tuer. « Si je veux blesser quelqu’un, je ne le poignarde pas à dix reprises , a rétorqué le représentant du parquet. Il est venu à la fête avec préméditation pour prendre une revanche froide et violente. Car on l’empêchait de refaire sa vie au Luxembourg.»
Arrêté alors qu’il était poursuivi par une meute
Le parquet demande à la chambre criminelle de retenir la double tentative d’assassinat. Car, ensuite, il aurait aussi tenté de poignarder sa demi-sœur, âgée de 27 ans. Même s’il n’a jamais réussi à la blesser, «le couteau a failli l’atteindre », analyse le premier substitut en notant : « Il ne s’est pas laissé déranger par la présence de 200 personnes. »
Le quadragénaire avait été arrêté sur la route principale non loin du rond-point de la Cloche d’or. En quelques minutes, il avait déjà parcouru 1,5 km, poursuivi par une meute de 20-25 personnes . «Elles voulaient prendre leur revanche. Elles avaient vu qu’il avait piqué une personne et qu’il voulait en piquer une autre. »
Le parquet a fini par requérir 20 ans de réclusion ferme : « Un sursis, ça se mérite. Durant ses deux heures d’interrogatoire, je n’ai pas senti de repentir de sa part. »
On se retrouve bien loin de la peine « la plus clémente possible » demandée par la défense pour coups et blessures. « On sait que mon client est impulsif. Il n’y a eu aucun acte préparatoire. Il n’a agi que sous l’effet de l’adrénaline », avait plaidé M e Eric Says, quelques instants plus tôt. Quant au second fait, il demandait l’acquittement. La demi-sœur dit s’être réfugiée dans les bras d’un homme. « Où est ce héros? », questionne la défense.
En fin d’audience, la 13 e chambre criminelle a fait part de sa découverte à la lecture du dossier : le quadragénaire n’a été inculpé que pour une tentative d’assassinat sur la première victime. Un moyen que la défense n’avait pas soulevé. M e Says n’a pas manqué une seconde pour intervenir : « La chambre criminelle n’est donc pas saisie du second fait. On peut s’arrêter là. »
Le parquet, quant à lui, a maintenu sa position, notant qu’il avait demandé le renvoi pour deux tentatives d’assassinat. Et que la chambre du conseil avait donné droit à cela…
Prononcé le 6 juin.
Fabienne Armborst