Les groupes allemands qui font des affaires en Iran doivent suspendre leurs activités immédiatement» : le message transmis par l’ambassadeur américain en Allemagne, mercredi, ne souffre aucune ambiguïté. C’est un ordre auquel les entreprises allemandes et plus largement européennes doivent se plier si elles ne veulent pas être poursuivies par la justice américaine.
Autrement dit, aucune négociation n’est possible et les Européens ont zéro chance d’obtenir des États-Unis des exemptions qui leur permettraient de sauver l’accord sur le nucléaire iranien, là où Donald Trump vise clairement un changement de régime à Téhéran.
Le billet vert reste la monnaie de référence des échanges internationaux et les États-Unis un marché dont les Européens ne peuvent pas se priver. Entre commercer avec l’Iran et les États-Unis, leur choix sera vite fait. Le passé a aussi montré qu’en ce domaine Washington ne plaisante pas. Pour avoir effectué des transactions en dollars avec l’Iran, le Soudan et Cuba, trois pays sous embargo américain, BNP Paribas s’était vu infliger une amende de 8,9 milliards de dollars en 2014.
En acceptant depuis des années de se soumettre à la loi d’extraterritorialité américaine, l’Union européenne s’est privée de toute marge de manœuvre économique et diplomatique à l’égard de Washington. En adversaire déclaré du multilatéralisme, Donald Trump se délecte de ce rapport de force qui pèse clairement en faveur de l’hyperpuissance américaine. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – les pays européens signataires de l’accord sur le nucléaire iranien – voient leur crédibilité balayée sur la scène internationale.
Après le retrait de l’accord de Paris sur le climat, les taxes sur les produits sidérurgiques ou le transfert de l’ambassade américaine en Israël vers Jérusalem, Donald Trump inflige une monumentale gifle à l’Union européenne sur l’Iran. Bien plus que des alliés ou des partenaires, les Européens sont des inféodés pour le patron de la Maison-Blanche.
Fabien Grasser.