Les internautes turcs se livraient mercredi une lutte impitoyable à coups de hashtags sur Twitter pour exprimer leur soutien ou leur ras-le-bol du président Recep Tayyip Erdogan, en pleine campagne pour sa réélection en juin.
Signe de l’ampleur prise par cette bataille numérique, où les opposants d’Erdogan ont pour l’instant l’avantage, le porte-parole du gouvernement turc Bekir Bozdag a affirmé mercredi que le gagnant des élections anticipées du 24 juin sortirait « des urnes, pas de Twitter ». Depuis mardi, des anti-Erdogan se fédèrent sous la bannière du mot « tamam » (« ça suffit » ou « assez »), tweeté plus d’un million de fois mardi et qui continuait mercredi de dominer les tendances Twitter en Turquie.
Cette fronde numérique est partie du détournement d’un discours d’Erdogan mardi dans lequel il affirmait qu’il se retirerait si la nation lui disait « tamam ». Mais les partisans du président turc, qui dirige le pays depuis 15 ans et pourrait rester au pouvoir encore 10 ans aux termes d’une révision constitutionnelle passée l’an dernier, ont sonné la contre-attaque en se fédérant autour du mot « devam » (« encore », « continue »).
Irrités par la multiplication des tweets « tamam », les dirigeants et médias pro-gouvernementaux crient à l’artifice et au complot. « Les tentatives de manipulations sur les réseaux sociaux ne mèneront nulle part, ce sont de vains efforts », a commenté mercredi le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin. « Nous verrons quelle décision prendra la nation le 24 juin. Nous prévoyons que ce sera devam ». Plusieurs journaux gouvernementaux s’efforçaient de leur côté d’établir un lien entre les tweets « tamam » et le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau de la tentative de putsch du 15 juillet 2016, ce que nie l’intéressé.
La Turquie tient le 24 juin des élections présidentielle et législatives anticipées, initialement prévues en novembre 2019. Ce double scrutin marquera l’entrée de la plupart des mesures renforçant les pouvoirs du chef de l’État validées part référendum l’an dernier.
Le Quotidien/AFP