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Tom Schnell (F91) : « Jeune, j’étais beaucoup trop agressif »


Pour fêter son 300e match de DN, dimanche, Tom Schell se contentera du titre de champion avec le F91. (Photo Julien Garroy)

Tom Schnell va fêter dimanche, à Differdange, dans ce qui pourrait être le match du titre pour son F91, le 300e match de DN de sa carrière déjà longue de seize ans.

Vous fêterez dimanche à Differdange votre 300e match en Division nationale. Vous en étiez-vous rendu compte ?

Tom Schnell : Pas du tout. Je ne compte pas. Il n’y a pas de secret pour la longévité. Il faut que le corps suive et que le plaisir soit toujours là. Ce n’est pas plus dur aujourd’hui que ça l’était hier. Il faut faire un tout petit peu plus attention à la récupération. Je fais seulement une séance de kiné par semaine en plus que ce que je faisais quand j’étais plus jeune. Je me l’impose. J’ai confié mon corps à un ami de longue date, Fabio De Marco, chez qui je vais depuis qu’il a ouvert son cabinet de kiné, il y a plus de dix ans. Il connaît mon corps mieux que personne.

L’un des membres de ce groupe, René Peters, le capitaine d’Hostert, qui joue habituellement milieu de terrain, a évolué en défense centrale justement contre Differdange, le week-end passé. Après le match, il a dit avoir adoré, qu’à un tel poste, il pouvait encore continuer de longues années. À l’entendre, c’était presque un poste de fainéant…

(Il sourit) On court moins, on court moins… C’est surtout qu’on voit plus ! À partir d’un certain âge, on fait beaucoup moins de courses inutiles.

Mais 32 ans, c’est vieux ?

Je dirais que oui. En tout cas c’est vieux pour le monde du football d’aujourd’hui. Des gars de ma génération, finalement, il n’y en a plus beaucoup qui jouent. En tout cas pas à mon niveau. Les jeunes qui ont débuté à peu près en même temps que moi à l’Union, il doit en rester quatre et ils sont tous à Lorentzweiler : Asim Alomerovic, Marco Simoes, Damir Muhovic et Pasquale Antonicelli.

Que vous reste-t-il comme marge de manœuvre ?

Niveau vitesse, ça baisse, c’est clair et net. Quand je vois Dave Turpel accélérer, c’est un autre monde. Quand il part à l’entraînement, c’est dur. L’entraînement, c’est de sacrés duels. Personne ne veut lâcher de terrain. Et Dave, il est chiant : il marque de partout. Même Karapetian, quand il était chez nous, n’était pas aussi bon.

Un de vos coéquipiers, sous couvert d’anonymat, nous disait justement qu’à l’entraînement, il ne fallait surtout pas tenter un petit pont contre vous, sinon, vous sévissez…

C’est normal non ? Personne n’aime prendre un petit pont. C’est clair et net : à l’entraînement, il y a des choses qui se font et d’autres qui ne se font pas. Et ça, les petits ponts, c’est des conneries! Maintenant, mes coéquipiers le savent : je n’aime pas qu’on fasse des trucs comme ça.

Mais alors comment est-ce que vous regardez, aujourd’hui, avec le recul, le jeune un peu foufou que vous étiez à vos débuts, à 17 ans, du côté de l’Union ?

Le Tom Schnell de l’Union était différent. Dans certains domaines, il l’était même complètement, avec une agressivité parfois inutile. D’ailleurs, le tout premier match de ma carrière, c’était contre le F91 et j’ai pris un carton rouge au bout de 32 minutes pour une faute sur Sébastien Rémy. Le premier jaune était mérité. Pas le deuxième. Mais c’était des erreurs de jeunesse. En fait, les duels, il faut y aller intelligemment et au bon moment. Avant, je m’en foutais. Je pouvais même blesser le type en face, je m’en moquais un peu. Forcément, ça a causé l’un ou l’autre souci, notamment avec des coéquipiers, à l’entraînement. Ils n’aimaient pas, forcément. Je n’étais peut-être pas aussi impulsif qu’un Tom Laterza, mais en tout cas, j’étais beaucoup trop agressif.

On dit souvent qu’on apprend tout au long de sa carrière. Qu’avez-vous appris récemment ?

Qu’on peut avoir la meilleure équipe sur le terrain et quand même perdre son match.

Vous ne le saviez pas avant ? Pourtant, même si le F91 est en passe de briser tous ses records en termes de buts inscrits, cette saison, il a payé déjà suffisamment cher en termes de buts encaissés…

Oui, on en a déjà pris trop, des buts, cette saison. Parce qu’on a joué trop offensif par moments.

À quoi rêviez-vous quand vous avez commencé ?

Jouer au plus haut niveau luxembourgeois. J’ai réussi. Et ce n’est pas fini puisque j’ai encore deux ans de contrat. Tant que mon corps va bien et que je suis titulaire…

Ah… C’est lié à votre statut aussi ?

S’accrocher quand on ne suit plus, à quoi cela servirait-il ?

Cela ne vous empêchera pas d’aller chercher un nouveau titre, dimanche, sur la pelouse de Differdange…

Je ne savais pas que c’était mon 300e match avant que vous ne me le disiez. Ça me fait plaisir d’y aller dans ces conditions. Je ne sais pas si le club donne des cadeaux pour ce genre d’occasion, mais je vais demander à John (Joubert), qui lui a l’habitude. Mais je me contenterais aussi du titre de champion…

Entretien avec Julien Mollereau