Le procureur de l’État de New York, Eric Schneiderman, soutien du mouvement #MeToo, a démissionné lundi après avoir été accusé dans la presse de violences contre quatre femmes.
C’est un coup de théâtre pour ce procureur démocrate, grand opposant à Donald Trump, qui s’était érigé en relais judiciaire du mouvement #MeToo contre le harcèlement sexuel dans le milieu professionnel, né de l’affaire Weinstein. « Ces dernières heures, des accusations graves, que je réfute, ont été lancées contre moi », a déclaré Eric Schneiderman. « Si elles ne sont pas liées à ma conduite professionnelle ou aux activités de mes services, elles m’empêcheront de diriger le travail du bureau en cette période critique », a-t-il dit en annonçant sa démission, qui prendra effet mardi soir.
Dans un article publié lundi sur le site de l’hebdomadaire The New Yorker, deux femmes ont témoigné à visage découvert contre Eric Schneiderman, tandis que deux autres évoquent des faits présumés sous couvert d’anonymat. Manning Barish dit avoir eu une liaison avec le procureur de l’État de New York entre l’été 2013 et la fin de l’année 2015. Tanya Selvaratnam, l’autre femme identifiée dans l’article, explique avoir été en couple avec Eric Schneiderman entre l’été 2016 et l’automne 2017.
Des « activités sexuelles consensuelles »
Les deux victimes présumées racontent que Schneiderman, ancien élu démocrate au Sénat de l’État de New York, les a frappées violemment à plusieurs occasions, souvent alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool. Il aurait même fait mine de les étrangler et les aurait menacées de mort si elles le quittaient. Les deux femmes disent avoir consulté un professionnel de santé après avoir été giflées violemment sur le visage et l’oreille et étranglées, selon le journal.
« Dans l’intimité de relations privées, j’ai pris part à des jeux de rôle et à d’autres activités sexuelles consensuelles », a déclaré Schneiderman avant sa démission. « Je n’ai agressé personne », ajoute-t-il. « Je n’ai jamais eu de relation sexuelle non consentie, ce qui constitue une ligne que je ne franchirais pas ». Selon le New Yorker, aucune des femmes n’a jugé son comportement comme « consensuel ».
Michelle Manning Barish raconte avoir été giflée après qu’ils aient bu ensemble. « C’était horrible. C’est arrivé par surprise. (…) J’ai perdu mon équilibre et suis tombée sur le lit. (…) Je me suis relevée pour le pousser et il m’a repoussée sur le lit. Il a utilisé le poids de son corps pour me maintenir et a commencé à m’étrangler. C’était très dur. J’ai lancé des coups de pied », a-t-elle raconté au journal.
Il avait poursuivi la Weinstein Compagny
Le gouverneur démocrate de New York Mario Cuomo a appelé le procureur de l’État à démissionner. « Mon opinion personnelle est que au vu des faits accablants évoqués dans l’article, il n’est pas possible pour Eric Schneiderman de continuer à servir comme procureur », a-t-il justifié.
Eric Schneiderman est le dernier d’une série d’hommes de pouvoir à tomber de leur piédestal depuis que la parole des femmes sur les violences et abus sexuels s’est libérée dans le sillage de l’affaire Weinstein. En février, le procureur de New York avait poursuivi en justice la Weinstein Company pour ne pas avoir protégé ses employés contre la conduite d’Harvey Weinstein malgré de nombreuses plaintes du personnel.
Élu procureur en 2010, Eric Schneiderman est devenu, depuis l’élection de Donald Trump, l’un de ses opposants les plus actifs au sein de l’institution judiciaire américaine. Il a engagé de nombreuses actions en justice pour contrecarrer des mesures de l’administration Trump, notamment sur le climat, l’immigration ou la neutralité du net.
Le Quotidien/AFP