Le gouvernement autrichien du chancelier conservateur Sebastian Kurz, opposé à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, a exprimé vendredi son intention d’empêcher les responsables politiques turcs de faire campagne en Autriche avant les élections de juin en Turquie.
« Le pouvoir turc, sous Erdogan, tente depuis des années d’instrumentaliser les communautés d’origine turque en Europe », a déclaré vendredi le chancelier Kurz sur la radio publique Ö1. « Les événements de la campagne électorale turque en Autriche sont indésirables et nous ne les autoriserons donc plus », a ajouté le dirigeant de 31 ans. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a convoqué mercredi des élections présidentielle et législatives anticipées pour le 24 juin, soit un an et demi avant la date prévue, où il briguera un nouveau mandat aux pouvoirs considérablement renforcés.
Ce scrutin marquera l’entrée en vigueur de la plupart des mesures renforçant les prérogatives du chef de l’Etat, adoptées lors d’un référendum constitutionnel en avril 2017, prévoyant notamment la disparition de la fonction de Premier ministre. Lors de la campagne pour ce référendum, les ministres turcs avaient souhaité partir à la conquête du soutien de la diaspora turque dans les pays où cette communauté est fortement implantée, comme l’Allemagne, l’Autriche et Pays-Bas.
Des lois adaptées à cette situation en Autriche
Ces pays avaient cependant interdit plusieurs meetings prévus sur leur territoire provoquant de fortes tensions avec le pouvoir turc. Recep Erdogan avait à cette occasion comparé le gouvernement allemand au régime nazi. En Autriche, une loi a depuis été adoptée donnant au gouvernement plus de marge de manoeuvre pour interdire les rassemblements politiques de responsables étrangers.
Le chancelier a dit vendredi vouloir éviter d’importer en Autriche « l’atmosphère incendiaire » prévalant selon lui en Turquie. D’éventuels rassemblements de l’opposition turque serait aussi interdit, a-t-il précisé. Environ 360.000 personnes d’origine turque vivent en Autriche, dont 117.000 de nationalité turque. Les conservateurs de Sebastian Kurz et leurs alliés du parti anti-islam FPÖ plaident pour une rupture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne
AFP.