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164 000 000 000 000 dollars

Osons le dire : on ne comprend franchement rien à cette histoire de dette mondiale. Depuis quelques jours, un chiffre si faramineux, si monstrueux qu’il en devient inconcevable noircit les journaux. La dette mondiale a atteint 164 000 milliards de dollars en 2016. 164 000 000 000 000 dollars. Mais écrire tous les zéros ne nous aide pas davantage à nous figurer cette montagne stratosphérique de billets verts. Les experts ont une autre formule : cette dette représente 225 % du PIB mondial. Merci messieurs, mais ce n’est pas plus limpide.
Sauf rares exceptions, tous les journaux relaient l’info à partir du même texte, à la virgule près. Et c’est plutôt rassurant pour les ignares en sciences économiques (que nous sommes pratiquement tous) : même les journalistes se contentent de faire du copier-coller. Rares sont ceux qui se hasardent à sortir des clous, pour tenter d’apporter des réponses aux vraies questions : pourquoi ce chiffre délirant? Qu’est-ce que nous, citoyens, risquons vraiment? Que faire?
Pas fou! Un journaliste est censé être un vulgarisateur, mais dès qu’on touche à la science économique, on risque surtout d’être grossier. Croyons sur parole un as de ce sport extrême : «L’économie est la seule science où deux personnes peuvent partager un prix parce que leurs théories se réfutent réciproquement.» Signé le prix Nobel d’économie, Joseph E. Stiglitz.
Alors, que dire de ce trou sans fond? D’abord, qu’il faudrait mobiliser l’ensemble de la richesse produite dans le monde (ledit PIB mondial) pendant plus de deux ans pour rembourser cette dette. Plutôt mauvais signe, en apparence…
Ensuite que les taux d’intérêt, au plus bas depuis des mois, vont finir par remonter. Et avec eux, la dette. Et donc que ce gros tas abstrait de créances va devenir plus concret pour monsieur Tout-le-monde quand il va voir enfler les crédits immo, conso, auto and co. Ainsi que probablement les taxes et autres impôts.
Et enfin que lorsque la patronne du Fonds monétaire international avertit que le risque de revivre la crise financière de 2007 est désormais avéré, on se dit que décidément, si l’économie est une science, on a du mal à prendre ses savants au sérieux.

Romain Van Dyck.