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Programme Espon : les futurs projets transfrontaliers naissent au Luxembourg


La commissaire européenne Corina Cretu et le secrétaire d'État luxembourgeois Camille Gira ont souligné l'importance de la politique de cohésion de l'Union européenne. (Photo Julien Garroy)

Le bras de fer sur le futur cadre financier pluriannuel de l’Union européenne a repris jeudi matin, à Luxembourg. Les fonds structurels font partie des pommes de discorde.

Même pour une commissaire européenne, il n’est pas toujours simple de se retrouver dans la jungle institutionnelle que constitue l’Union européenne. «Lors de multiples réunions à Bruxelles, j’ai constaté que le programme Espon était peu connu. C’est pourquoi j’ai invité la commissaire Corina Cretu à visiter les locaux occupés par ce programme de recherche scientifique au Kirchberg», note Camille Gira (déi gréng), secrétaire d’État rattaché au ministère du Développement durable.

Le Luxembourg héberge ce programme qui permet de mieux implémenter les projets financés par les fonds structurels européens tout en visualisant à l’aide de cartes les effets positifs de ce travail. L’accès au réseau ferroviaire, les taux de chômage ou encore la présence d’hôpitaux, non pas sur le plan national mais bien sur le plan régional, font ainsi partie des études réalisées par les chercheurs d’Espon (en français, Observatoire en réseau de l’aménagement du territoire européen).

Le moment de cette présentation des travaux d’Espon était bien choisi. Corina Cretu était en effet venue en premier lieu à Luxembourg pour assister au Conseil Affaires générales, consacré à la politique de cohésion. Avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE, le budget européen perd non seulement un État membre, mais aussi une contribution financière estimée à 12 milliards d’euros. La négociation du cadre financier pluriannuel de l’UE s’annonce donc plus rude que jamais. «Je suis contente d’avoir pu constater que la plupart des États membres ont signalé leur volonté de revoir à la hausse leur contribution», annonce Corina Cretu. «Le Parlement vise à atteindre 1,3 % du PIB des 27 futurs États membres pour financer l’UE. Moi, je serais déjà contente de parvenir en fin de compte à 1 %», indique encore la commissaire roumaine.

«Pas de solidarité à sens unique»

La Commission européenne doit dévoiler le 2 mai sa proposition pour le cadre financier pluriannuel post-2020 et donc post-Brexit. «Un accord sera très difficile à trouver. En attendant, il nous faut employer de manière plus efficace les fonds qui sont à notre disposition», affirme Camille Gira.

Les chercheurs du programme Espon peuvent apporter une importante pierre à l’édifice pour défendre la politique de cohésion. «Des projets concrets, cofinancés par l’Europe, ne peuvent que rapprocher à nouveau le citoyen de l’UE. Cela vaut plus particulièrement pour les projets transfrontaliers. Si l’Europe n’apporte pas de plus-value aux frontières, où est-ce qu’elle est encore capable de le faire ?», met en perspective le secrétaire d’État luxembourgeois.

«On a besoin d’argent frais, sans quoi 100 000 projets entamés ne pourront pas être achevés avec le soutien financier promis par l’UE», rappelle dans ce contexte Corina Cretu, visiblement ravie d’avoir vu de ses propres yeux les effets positifs de la politique de cohésion.

Si le programme Espon sera désormais mieux connu à Bruxelles, il reste aux responsables européens à revenir à une attitude plus solidaire. «Il est clair que la solidarité ne peut pas être à sens unique», souligne Camille Gira. Mais au lieu de «punir» les États membres qui refusent de jouer la carte de la solidarité, notamment dans le cadre de la crise des réfugiés, l’Europe semble se diriger vers une autre solution. «On songe à récompenser les États et régions qui ont accueilli le plus de réfugiés. Cela doit inciter les États plus récalcitrants à faire plus d’efforts», indique le secrétaire d’État luxembourgeois.

Reste à savoir quel sera l’avis de ceux qui ont toujours le dernier mot à l’échelle de l’UE : les chefs d’État et de gouvernement. Le prochain rendez-vous est fixé fin juin.

David Marques

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