C’est un bon sujet de polar, ou une plongée dans la réalité crue des quartiers. Exploitée par une équipe meurthe-et-mosellane, une jeune femme se prostituait. Cela aurait pu mal se finir pour un client messin…
La jeune femme, exploitée en étant prostituée, a participé à un coup monté à l’encontre d’un de ses clients. Victime, elle est aussi complice d’agression.
Une vie de misère. Ils ne lui ont rien fait miroiter d’autres lorsqu’ils ont entraîné cette jeune fille de 20 ans dans la prostitution. Elle avait la réputation dans leur quartier d’être « facile ». Elle apparaît plutôt égarée. Et sous l’emprise d’individus à peine plus âgés qui ne lésinaient pas sur les menaces et les pressions pour obtenir ce qu’ils voulaient. Sur des écoutes téléphoniques, elle raconte à une amie ne pas avoir le choix, de peur qu’ils s’en prennent à sa famille. Ils la tenaient également par la cocaïne. Un aller direct pour les hôtels de la région de Metz, Brive ou Toulouse.
Les gendarmes mosellans se sont intéressés à elle et ses proxénètes, installés du côté de Briey, au détour d’une agression commise le 11 novembre dernier. Un homme âgé a pris rendez-vous avec la jeune femme sur un le net. Le lieu : un établissement hôtelier de Jouy-aux-Arches, à côté de Metz.
La relation tarifée n’est pas consommée, faute de préservatif. Un coup monté, peut-être : sur le parking, le client est attendu par trois hommes. Les coups l’envoient à terre. Ils lui dérobent 160 € et les clés de son véhicule. Le retraité tente de fuir, il est rattrapé. Ils l’embarquent dans une autre voiture où se trouve la prostituée. Il parvient à se sauver sur un chemin forestier d’Ars-sur-Moselle.
Un mineur impliqué
Sa voiture est repérée trois jours plus tard dans le centre de la France. Deux hommes parviennent à disparaître avant l’intervention des gendarmes. Le duo laisse derrière lui des traces. Un fil remonté patiemment par les enquêteurs, qui identifient une première personne, puis une autre. Les identités se recoupent avec des réservations dans des hôtels. Entendu, un réceptionniste se souvient d’avoir entendu les hommes ordonner à la femme de « demander 100 €. » Ils se font virer immédiatement des lieux.
L’étau se resserre. L’équipe le sait. Un policier se serait renseigné pour elle auprès de la gendarmerie pour connaître l’avancée des investigations et aurait transmis ses informations.
Malgré cela, ils ne fuient pas. Les interpellations ont lieu le 13 mars. Trois hommes ont été mis en examen pour enlèvement, séquestration, vol avec violence, proxénétisme, association de malfaiteurs. Et incarcérés. Un mineur se trouve dans un Centre éducatif fermé. La jeune femme se retrouve avec un statut particulier : victime de la prostitution, et complice de l’agression sur le parking de Jouy-aux-Arches. Elle a été laissée sous contrôle judiciaire.
L’un de ses souteneurs a demandé à sortir de prison, jeudi, devant la chambre de l’instruction de Metz. « Je ne connais pas cette fille, je ne suis au courant de rien », dit-il. La liberté lui a été refusée.
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)
Et le policier ?