À l’époque où l’image et la communication sont d’une extrême importance pour une société, avoir un siège social qui reflète une certaine assurance et une certaine puissance n’est pas un détail, au contraire. Exemple avec Deloitte et ArcelorMittal au Luxembourg.
Le meilleur exemple récent au Luxembourg est sans doute le siège de Deloitte qui prend forme au Ban de Gasperich, et qui devrait être achevé pour octobre 2018. L’édifice gigantesque (pour un coût estimé à 100 millions d’euros et conçu par les architectes luxembourgeois Paul Bretz et Stefano Moreno), de 30 000 m² et de 17 étages, est en train de devenir la construction phare du nouveau quartier au sud de la capitale. Les dirigeants justifient cette œuvre par le besoin de regrouper les effectifs disséminés sur trois sites différents.
Marquer les esprits
Mais l’autre raison d’une telle construction est également de marquer les esprits des citoyens, des investisseurs, des entrepreneurs et même des politiques. «Il y a effectivement une notion de présence dans l’esprit des gens. Un bâtiment beau, imposant, innovant montre la puissance, la stabilité et la bonne santé d’une entreprise. Même chose pour les gens, car quand on se situe dans une ville, on le fait généralement par rapport à un bâtiment remarquable, une enseigne ou un lieu», explique un promoteur immobilier luxembourgeois, avant de souligner : «Mais ce n’est qu’une partie de la réflexion des entreprises construisant un siège social.»
Le constat est d’ailleurs le même si l’on prend le futur siège d’ArcelorMittal qui espère emménager dans ses 54 000 m² de bureaux de sa future tour de verre et d’acier située au Kirchberg d’ici 2021. Là aussi, le bâtiment n’a rien d’anodin, alliant innovation et écologie, mais surtout puissance et visibilité. Et là encore, le discours officiel est bienveillant : innovation, développement durable, meilleures perspectives économiques, bâtiment plus moderne ou encore espaces de travail branchés et tendance. Cela montre en outre la confiance de ces entreprises dans le tissu économique du pays, ses perspectives et sa stabilité. Car on ne construit pas un bâtiment de plusieurs millions d’euros pour le quitter quelques années plus tard.
Redonner de la disponibilité de bureau
La construction de nouveaux sièges sociaux, donc d’espaces de bureau, alimente le marché de l’immobilier de bureau. En reprenant l’exemple d’ArcelorMittal et de Deloitte, ces deux entreprises arrivent en fin de bail dans leurs locaux respectifs, boulevard d’Avranches pour le géant de l’acier et, entre autres, à Neudorf pour le cabinet d’audit. Quand ces deux entreprises intègreront leurs nouveaux sièges, les bureaux actuels seront remis sur le marché. «C’est une bonne chose car le taux de vacance au Luxembourg, c’est-à-dire la part des bureaux vacants dans l’ensemble des bureaux disponibles, tourne autour des 4 %, ce qui est très bien. Mais dans certains quartiers comme le Kirchberg, le taux est en dessous de 1 % et d’un peu plus de 1 % dans le quartier de la Gare», souligne Régis Luttmann, Managing Director de Savills Luxembourg, avant de préciser : «Mais les locaux que vont laisser ArcelorMittal et Deloitte vont devoir être rénovés donc ne seront pas disponibles sur le marché dans l’immédiat. De plus, ce sont de très grandes surfaces, parfois trop grandes par rapport à la demande actuelle.» Romain Muller, son homologue de la société JLL Luxembourg, également spécialisée dans l’immobilier de bureau, confirme : «Effectivement, les bâtiments avec de grandes surfaces sont parfois problématiques et il faut alors rénover et compartimenter ces grandes surfaces en plusieurs surfaces de bureau.»
Pour autant, le développement et la construction de grands sièges sociaux sur des quartiers périphériques au centre de la capitale ne semblent pas faire baisser l’attractivité de Luxembourg puisqu’en 2017, le centre-ville et le quartier de la Gare étaient les secteurs les plus demandés avec 125 000 m2 de bureaux traités, représentant 60 % de la prise d’occupation totale.
Jeremy Zabatta.
Immobilier de bureau : pas vraiment d’effet Brexit
Pour les professionnels du secteur de l’immobilier de bureau, tant du côté de Savills Luxembourg que de JLL, il semble que le marché ne connaisse pas vraiment de coup d’accélérateur par rapport au Brexit. «On ne voit pas de réelle demande pour de très grandes surfaces venant d’entreprises cherchant à s’installer au Luxembourg pour anticiper le Brexit. Il y a quelques demandes, des sociétés notamment des compagnies d’assurances, regardent ce qu’il est possible de faire au Luxembourg, ou bien des sociétés déjà présentes au Luxembourg qui cherchent à s’agrandir. Mais généralement, ce sont des surfaces pour accueillir une quinzaine de collaborateurs», souligne Régis Luttmann, Managing Director de Savills Luxembourg.