Des jeunes, des femmes en détresse et des réfugiés, aidés par l’artiste Jacques Schneider, ont créé des Péckvillercher, ces petits sifflets en forme d’oiseau. Ils seront en vente lundi, lors de l’Emaischen, à 35 euros pièce.
« L’oiseau peut saisir l’opportunité de passer les frontières sans passeport ni carte d’identité. Aucune frontière ne peut le retenir. Il représente la liberté », a dit Maurice Bauer, le président de la fondation Maison de la Porte ouverte. «Ils sont tous différents, tout comme nous», ajoutait l’artiste Jacques Schneider. «Et puis le Péckvillchen est connu depuis 6 500 ans dans le monde entier. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un objet traditionnel luxembourgeois. Chaque personne, d’où qu’elle vienne, peut s’y identifier, et donc tous les participants se sont reconnus dans ce projet.»
Et quel projet ? Réunir des mineurs, des femmes en détresse et des réfugiés autour d’une initiative commune : créer, avec le soutien de l’artiste, des Péckvillercher qui seront vendus lors de l’Emaischen sous le thème «On ne choisit pas».
Très coloré ou très sombre…
Car, c’est vrai, les femmes, enfants et réfugiés en détresse n’ont pas choisi leur situation. «Il n’ont pas choisi leur bourreau. Ils n’ont pas choisi de naître en Afghanistan, d’où ils ont dû fuir. Tout comme ils n’ont pas choisi d’être abandonnés ou maltraités dans leur vie», a rappelé le président de la fondation. Alors, «pour essayer de donner un peu de sens à leur vie, pour sortir de leur quotidien difficile», une quinzaine d’entre eux ont joué aux artistes, deux fois par semaine, depuis la mi-janvier. Lors de chaque session d’une heure, ils ont pu, pour ceux qui n’y étaient pas initiés, découvrir les joies de la création et de la peinture. «Ils avaient comme consigne de créer un oiseau qui leur ressemblerait, l’oiseau dont ils rêvent», ajoute Jacques Schneider. Chaque Péckvillchen est donc unique, «parfois très coloré, parfois très sombre…», poursuit-il.
Si le projet, manuel et artistique, a pour finalité la vente de petits oiseaux siffleurs dont les recettes seront reversées à la fondation Maison de la Porte ouverte, le message principal est tout autre pour l’artiste : «Ce qu’il faut retenir, c’est l’interaction qu’il y a eu entre les participants. L’entraide, le partage, la découverte d’horizons nouveaux. C’est probablement ça qu’ils retiennent.»
Sarah Melis