Tuys, c’est la rencontre d’un trio à l’école en 2007, à Dudelange. Onze ans plus tard, Tun Biever, Sam Tritz et Kay Gianni distillent leur pop-rock partout au Grand-Duché. Avec Yann Gengler à la basse, les trois amis sortent samedi un premier long format, Swimming Youth, racontant leur histoire.
Vos débuts remontent maintenant à six ans, en 2012. Pourquoi avoir attendu tant de temps avant de sortir un premier album?
Tun Biever, guitariste de Tuys : On s’est simplement inspirés des groupes luxembourgeois, comme Seed to Tree et tant d’autres, qui fonctionnent de la sorte. Et un EP a ses qualités : ça coûte moins cher, c’est utile quand on débute et qu’on cherche une identité musicale. Et il permet aussi d’avoir toujours une actualité… Pour Swimming Youth, c’est vrai, c’est la première fois qu’on entre en studio avec la volonté de sortir un album complet. On a quand même pris le temps de poster deux chansons sur le net!
C’est la technique du moment. Est-ce nécessaire d’y souscrire?
Déjà, ce sont deux titres différents : l’un est plus pop (Belong), l’autre plus rock (Talk). Ce sont d’ailleurs deux facettes que l’on essaie de combiner sur ce disque. Et le visuel est très important pour le groupe, d’où ces clips. Il faut dire que l’album est prêt depuis un an, mais la recherche d’accompagnement – booker, label… – prend du temps. Ces deux morceaux, c’est aussi une façon de combler notre public et nos amis, qui se demandaient bien ce qu’on faisait (il rit).
Swimming Youth sort demain. Dans quel état d’esprit êtes-vous?
Ça fait onze ans que l’on joue ensemble. Et on passe plus de temps dans ce groupe qu’en dehors! Cet album, c’est comme une renaissance, un nouveau départ à zéro. C’est l’évènement le plus important pour Tuys. Dans ce sens, la sensation est franchement bizarre. C’est comme un anniversaire… sans gâteau. Bref, je suis à la fois nerveux et impatient. J’ai hâte que l’on se mette en route.
Pourriez-vous définir ce disque?
Chaque chanson rappelle des moments que l’on a passés ensemble. Ils définissent finalement notre jeunesse, nos racines. D’où ce rapport à l’eau : disons que l’on barbote dans nos souvenirs… D’ailleurs, on compte vendre des maillots de bain pour le merchandising!
Mais vous avez déjà joué dans une piscine, non?
Oui, tout à fait. On a enregistré une vidéo (NDLR : Affection) où l’on jouait à côté d’une piscine. On a été franchement surpris par le son, meilleur que l’on ne l’imaginait. Oui, ça serait parfait pour faire un prochain concert : nous à l’intérieur, et le public tout autour du bassin. Bon, la Rockhal, c’est bien aussi…
En tout cas, ce disque rappelle l’amitié qui vous lie…
Absolument. C’est beau, non? On se connaît depuis treize ans. Ce sont mes meilleurs amis avant d’être des musiciens. Tuys est né sur ce principe, et c’est seulement après que l’on a chacun choisi un instrument! C’est une chronologie… bizarre (il rit). Autant dire que l’on se connaît bien, même si les désaccords existent toujours. Ce n’est jamais simple, ces histoires d’amitié, mais on a tellement passé de temps ensemble qu’on arrive toujours à trouver une solution. Tout est, au final, une question de confiance en l’autre.
Avec du recul, quel regard portez-vous sur Tuys?
C’est une vraie chance de continuer, après tant d’années, à faire de la musique avec ses amis. Les meilleurs moments de ma vie, je les ai passés avec ce groupe. Et j’espère que ça va continuer encore longtemps…
Musicalement, Swimming Youth propose huit titres de qualité qui tiennent la route. Êtes-vous satisfaits du résultat?
Oui, d’autant plus que l’écriture de certains morceaux remonte à trois ans déjà. Et puis, en termes d’ambiance, il colle à notre personnalité, à la fois douce et plus sauvage. Les différents titres combinent cela, passant d’une pop mélodique à un rock plus mordant. Ça commence tranquille, mais ça finit fort. Un peu comme en live : sur scène, il faut aussi savoir se lâcher, et déconner.
Tuys est très connecté à l’Allemagne, où est installé votre label Revolver et où vous allez jouer neuf fois… lors de vos dix prochains concerts. Y a-t-il une raison?
Quand on a commencé à jouer à l’étranger – France, Hollande, Suède, Angleterre… – le courant est toujours mieux passé avec les groupes et le public allemands. Pour une raison linguistique d’abord, et de sensibilité artistique ensuite. C’est au nord de l’Allemagne que notre musique a trouvé le meilleur écho. Sûrement parce que le rock « indé » y est moins représenté qu’en Grande-Bretagne!
Avec un public qui vous suit et un solide encadrement, où compte aller Tuys aujourd’hui?
Mais le plus loin possible (il rit)! Disons que c’est plus simple quand on ne fait plus les choses seul. Idéalement, on aimerait jouer partout, et d’autres concerts vont sûrement s’ajouter d’ici là. Mais ne nous éparpillons pas.
Entretien avec Grégory Cimatti.