Le Parlement européen estime que la promotion controversée du bras droit du président de la Commission européenne a mis en danger la réputation de toutes les institutions de l’UE, selon un projet de résolution publié mercredi.
Les eurodéputés doivent voter la semaine du 16 avril à Strasbourg un texte de protestation contre le passage éclair de l’Allemand Martin Selmayr, du poste de chef de cabinet de Jean-Claude Juncker à celui de secrétaire général de la Commission, dans des conditions critiquées. Le Parlement « regrette » que cette nomination ait « été conduite d’une manière qui a suscité une irritation et une désapprobation généralisées dans l’opinion publique, parmi les membres du Parlement européen et au sein de la fonction publique européenne », selon le projet de texte de la commission du contrôle budgétaire du Parlement.
« Le résultat de cette procédure constitue un risque en termes de réputation non seulement pour la Commission européenne mais aussi pour toutes les institutions de l’UE », est-il également écrit dans ce document, signé par la présidente de cette commission, l’Allemande Ingeborg Grässle, membre du PPE (droite). « La nomination en deux étapes du secrétaire général constitue une action de type ‘coup’ qui a étiré et peut-être même outrepassé les limites de la loi », peut-on aussi lire dans ce texte.
Transparence et égalité des chances exigées
Martin Selmayr avait été promu le 21 février au poste de secrétaire général, poste le plus élevé de l’administration de la Commission, qui n’avait fait l’objet d’aucun affichage. Cette nomination était intervenue quelques instants seulement après qu’il eut obtenu le poste de secrétaire général adjoint, un poste affiché auquel il avait postulé. Le « transfert » de poste proposé par Juncker avait surpris la plupart des commissaires européens présents lors de la réunion de nomination, mais il avait été entériné sans protestations.
Le projet de résolution du Parlement publié mercredi pourra encore être amendé avant d’être voté en commission parlementaire, puis d’être soumis à un vote en plénière. Le texte ne demande pas l’annulation de la nomination, mais « invite la Commission à revoir, avant la fin de 2018, sa procédure administrative de nomination des hauts fonctionnaires dans le but de s’assurer que les meilleurs candidats sont sélectionnés dans un cadre de transparence maximale et d’égalité des chances ».
Le commissaire européen Günther Oettinger, auditionné mardi par les eurodéputés, avait une nouvelle fois estimé que « les règles ont été totalement respectées » pour la nomination de Martin Selmayr. « C’est avant tout une décision de fond, mais bien entendu aussi politique », avait-il reconnu.
Le Quotidien/AFP