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En attendant, à la frontière

En plein sommet franco-luxembourgeois, où l’on se jette des fleurs sur la coopération entre nos deux pays, une autre réunion se tenait dans le secteur d’Audun-le-Tiche, à la frontière : une «intercommunalité» de maires qui se battent pour faire vivre leur territoire.
Nos confrères du Républicain lorrain ont rapporté la teneur des débats avec ces mots forts : «Continuer à exister… ou s’écrouler.» Car l’intercommunalité
voisine de Belval, qui est censée être le partenaire d’Esch 2022, n’a plus un sou. Le plan pour les prochains mois? Mutualiser les services, prévoir une fiscalité «un peu supérieure», envisager des coupes budgétaires dans des domaines clefs. La culture est visée, quelle tristesse.
Mauvaise gestion? Pas vraiment. Les intercommunalités sont le fruit d’une approche collaborative où les dérapages sont plutôt limités. Manque de dynamisme? Peut-être. Mais la vérité est plutôt celle lancée par Lucien Piovano, le maire d’Audun-le-Tiche, à la fin de l’article : «Nous sommes des communes pauvres.» Voilà tout. Notre voisin, à la lisière de la frontière, est pauvre. Il n’y a pas suffisamment d’entreprises à taxer, puisque le monde du travail est au Luxembourg, à quelques kilomètres. Le dodo ici, le boulot là-bas.
Ces maires se battent pour des investissements de 100 000 euros, pendant que l’on inaugure dans nos communes des maisons de jeunes à 1,3 million d’euros (la future de Differdange). «Pays de riches», le Luxembourg? Non, jamais. Le Luxembourg est un pays d’anciens pauvres qui a trop connu la misère (la vraie) avant l’ère du fer, pour l’avoir oubliée. On ne comprend pas le Luxembourg si on ne cerne pas cette vertu supérieure.

Salvateur, le Grand-Duché? Oui, de toute une région. S’il partageait un peu mieux, d’une façon ou d’une autre, le fruit de la croissance créée à plusieurs. À quoi doivent servir les impôts, collectés sur les actifs résidents et frontaliers, sinon à organiser la vie ensemble? Au pays du Dr Welter, de Robert Schuman et de la Grande-Duchesse Charlotte, autant de figures humanistes, on devrait enfin ouvrir les yeux sur cette réalité.