L’historien Steve Kayser a publié, en 2016, Le Luxembourg, d’une guerre à l’autre. L’indépendance du Grand-Duché dans la tourmente (1914-1945) (ISBN 978-2-87978-191-4). Dans sa préface, l’auteur énumère ses objectifs : «étudier le passé, comprendre le présent, préparer l’avenir».
Tout un programme : l’auteur n’a pas tort quand il affirme qu’«étudier les catastrophes du XXe siècle nous permet de réfléchir à la condition humaine tout court». Il place cette juste réflexion dans sa vision de l’éducation à la citoyenneté et mentionne le piège : enfermer les enseignements du passé dans des cérémonies commémoratives réservées au petit cercle des initiés de la mémoire. Les bonnes paroles de la préface proposent d’accueillir les migrants aux origines géographiques les plus différentes, de propager la connaissance de notre propre histoire, d’écouter leur histoire et de partager les mémoires respectives.
La science historique contemporaine voit les origines de la Grande Guerre principalement dans le comportement «somnambule» des dirigeants et responsables politiques de l’époque. Nous pensons que les développements qui ont conduit à la Première Guerre mondiale n’étaient pas aussi aléatoires qu’on veut les présenter actuellement. L’histoire ne se répète jamais de la même façon. De nos jours, les anciens ingrédients se réunissent peu à peu : un patriotisme effréné, le dédain des élites politiques mélangé à l’inculture et à l’incompréhension politiques. N’est-il pas déplacé de présenter dans un pareil contexte la monarchie comme la solution de tous les maux, comme se plaît à le faire le Parti de droite («Rechtspartei») depuis 1919.
Jean Rhein