L’annonce surprise d’un sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong Un est un rebondissement majeur dans un des dossiers diplomatiques les plus compliqués du globe. Mais de nombreuses questions se posent sur ce sera cette rencontre.
Seule chose confirmée à ce stade : le sommet se déroulera d’ici fin mai. S’il a lieu à Pyongyang, il est sûr que Donald Trump sera reçu en grande pompe. Mais pour le président américain, le risque serait de donner l’impression qu’il vient présenter ses respects.
La Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule – où Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in doivent se rencontrer fin avril à l’occasion du troisième sommet inter-coréen de l’histoire – est le lieu le plus probable pour une réunion Trump-Kim. Son accès est facile des deux côtés, la sécurité de la zone est assurée et les infrastructures pour ce genre de rencontre existent déjà. Une ville étrangère avec moins de charge symbolique comme Pékin ou Genève – Kim Jong Un a été scolarisé en Suiss e- impliquerait un pays tiers dans l’organisation. En outre, cela signifierait que les protagonistes voyagent, or Kim Jong Un n’a plus quitté la Corée du Nord depuis son arrivée au pouvoir fin 2011. Séoul serait probablement un lieu inenvisageable pour le Nord, au même titre que la ville de Washington.
Différents et semblables
Mais d’un autre côté, personne n’imaginait il y a encore trois mois que la sœur du leader nord-coréen allait se rendre dans la capitale sud-coréenne quelques semaines plus tard. Le siège de l’ONU à New York, ville du président américain, impliquerait que Kim Jong Un foule le sol américain. L’annonce sur la pelouse de la Maison blanche de la tenue d’un sommet est intervenue moins de 24 heures après que le secrétaire d’État Rex Tillerson eut affirmé que les États-Unis étaient « encore loin de négociations » avec Pyongyang. Les diplomates nord-coréens sont connus comme des négociateurs chevronnés. Mais depuis l’élection de Donald Trump, le département d’État a perdu nombre d’experts du dossier coréen, alors que le nouvel ambassadeur des États-Unis à Séoul n’a toujours pas été désigné.
Trump et Kim sont radicalement différents, tout en étant étrangement semblables. Le leader nord-coréen a hérité du pouvoir et été formé pendant des années à cette fin, quand le milliardaire américain est le plus improbable président de l’histoire américaine. Kim a beaucoup plus d’expérience du pouvoir – six ans – et pourrait demeurer en poste pendant des décennies, ce qui fait que la « une » du lendemain des médias contrôlés par le régime est évidemment le cadet de ses soucis. Mais les deux hommes, qui ont échangé des insultes, attachent de la valeur à la loyauté personnelle, comptent parmi leurs conseillers les plus proches des membres de leur famille et partagent un même intérêt pour les mises en scène.
Le Quotidien/AFP