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La main dans nos portefeuilles

La justice a tranché : les villes allemandes pourront interdire à la circulation les véhicules polluants. Pour être précis, les vieux véhicules diesels de norme «Euro 5».

Enfin, pour l’être encore plus, le terme «vieux» désigne les moteurs diesels de norme Euro 5 qui ont été commercialisés jusqu’en 2015. Heureux propriétaires allemands d’une voiture diesel vieille de plus de trois ans, il est grand temps de changer de voiture.

De l’autre côté du Rhin, on parle d’environ 12 millions de véhicules diesels se conformant à la norme Euro 5, contre seulement 2,7 millions de véhicules respectant la norme Euro 6.

Une décision que les constructeurs automobiles voient d’un très mauvais œil, comme l’attestent, peu après la décision de la justice allemande, les chutes en Bourse de Volkswagen (-1,8 %), BMW (-0,91 %) ou encore Renault (-0,4 %). Pourtant, en y réfléchissant, ce sont les constructeurs automobiles qui vont en sortir gagnants.

Car les 12 millions d’automobilistes allemands concernés vont très certainement devoir changer de voiture ou alors accepter de ne plus se rendre dans les villes du pays. En supposant que parmi ces automobilistes, une bonne partie n’avait pas prévu de changer de véhicule, les constructeurs viennent d’obtenir au moins 12 millions de nouveaux clients en plus dans les mois à venir.

Soyons optimistes, ces millions de personnes vont évidemment acheter une voiture électrique ou tout simplement prendre les transports en commun.

Encore une fois, c’est le consommateur qui est le dindon de la farce pendant qu’un constructeur comme Volkswagen dégage un bénéfice net de 11,35 milliards d’euros sur l’année écoulée et 5,1 milliards sur 2016, et ce, malgré le plus grand scandale automobile de tous les temps dont la facture est estimée, rien que pour le constructeur de Wolfsburg, à au moins 25 milliards d’euros.

Penser une seule seconde que cette somme ne sera pas compensée ou retrouvée d’une façon ou d’une autre est purement et simplement illusoire, car les constructeurs automobiles ont déjà la main dans nos portefeuilles.

Jérémy Zabatta