Le célèbre festival de Berlin s’ouvre cette semaine et ce, en pleine controverse #MeToo. On fait le point.
Les organisateurs ont promis de promouvoir la diversité – quatre des 19 films en compétition ont été réalisés par des femmes – et ont indiqué d’emblée avoir écarté plusieurs cinéastes accusés d’abus sexuels.
Le cinéaste américain Wes Anderson lancera la course pour décrocher l’Ours d’or avec Isle of Dogs, interprété par Bryan Cranston, Bill Murray, Jeff Goldblum et Greta Gerwig, tous étant attendus à Berlin sur le tapis rouge. Voici cinq choses à retenir sur le festival.
#Metoo
Le directeur du festival, Dieter Kosslick, compte organiser un «forum» pour discuter des «changements concrets» à apporter sur le traitement des femmes dans l’industrie du cinéma, après la résonance internationale du mouvement #MeToo.
Il a indiqué avoir lors de la sélection exclu plusieurs films car leurs réalisateurs, acteurs ou personnes liées à la production étaient l’objet d’accusations jugées crédibles d’abus sexuels. Mais à la veille du festival, une actrice sud-coréenne a critiqué les organisateurs pour avoir invité le réalisateur Kim Ki-duk.
Elle a accusé ce dernier de l’avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisées alors qu’elle travaillait sur son film Moebius. La Berlinale a dit encore «attendre des informations détaillées».
Femmes
Les femmes vont jouer les premiers rôles. L’actrice française Isabelle Huppert sera en haut de l’affiche pour l’adaptation du roman Eva, un thriller où elle incarne une femme fatale qui fait irruption dans la vie d’un écrivain prometteur.
Claire Foy, héroïne dans la série américano-britannique The Crown, où elle incarne la reine Elizabeth II, est attendue sur Unsane, tourné avec un iPhone par Steven Soderbergh.
Dans ce conte «hitchcockien», une femme se bat pour retrouver sa liberté après avoir été internée contre sa volonté dans un asile psychiatrique.
Damsel, présenté comme un western féministe, dépeint l’acteur Robert Pattinson en cow-boy maladroit espérant sauver sa bien-aimée (Mia Wasikowska).
Le biopic Becoming Astrid se penche les premières années difficiles de la vie d’Astrid Lindgren, l’auteure de Fifi Brindacier, et la manière dont elle en a été inspirée pour créer ce personnage culte de la littérature enfantine.
Stars
Les acteurs rêvent souvent de prendre la place du réalisateur. Deux d’entre eux vont pouvoir montrer leurs prouesses derrière la caméra à Berlin. Le Britannique Rupert Everett, pionnier du cinéma gay, a écrit et réalisé The Happy Prince, un biopic sur les derniers jours d’Oscar Wilde.
Un autre acteur britannique, Idris Elba, souvent considéré comme le futur premier James Bond noir, sera à Berlin avec Yardie, une plongée dans l’univers des vendeurs de drogue jamaïcains à Londres.
Actualité
Le Brésilien Jose Padilha présentera 7 Days in Entebbe, avec en vedette les acteurs Rosamund Pike et Daniel Bruehl. Le film relate l’opération israélienne de libération d’otages après le détournement d’un avion d’Air France par l’OLP en 1976.
Le film norvégien en compétition U – 22 juillet fait revivre du point de vue de ses 77 victimes le massacre perpétré en 2011 par le néo-nazi Anders Behring Breivik. Musée, avec Gael Garcia Bernal, dépeint le cambriolage d’anciens objets d’art inestimables du musée national d’Anthropologie de Mexico dans les années 1980.
Social
La Berlinale a toujours tenu à soigner sa réputation de festival socialement engagé. Les organisateurs ont prévu un évènement à la prison de Tegel, dans le nord de Berlin, où sera projeté pour les détenus le film The Silent Revolution, basé sur une histoire peu connue de manifestations contre le régime communiste de RDA.
Et aux dizaines de milliers de demandeurs d’asile arrivés dans la capitale allemande depuis 2015, la Berlinale va offrir des stages et des billets de cinéma pour adultes et enfants.
Jusqu’au 25 février.
www.berlinale.de
Gregory Cimatti