Black Panther devrait faire un tabac au box-office mais au-delà des recettes record attendues, il tourne au phénomène culturel aux États-Unis et au-delà pour sa représentation des noirs à l’écran.
Le 18e film de l’univers cinématique Marvel, qui adapte au cinéma les super-héros des bandes dessinées éponymes, sort mercredi en France et vendredi aux États-Unis.
Black Panther est le premier super-héros noir à avoir son film dédié dans la très lucrative série de films Marvel. Il est réalisé par un metteur en scène afro-américain en vogue, Ryan Coogler (Creed, Fruitvale Station), avec une équipe d’acteurs noirs parmi les plus charismatiques et prisés d’Hollywood: Chadwick Boseman, l’oscarisée Lupita Nyong’o, Angela Bassett, Forest Whitaker, Daniel Kaluuya…
Le dernier opus des studios Marvel, filiale du géant du divertissement Disney, a déjà battu des blockbusters comme The Hunger Games et La belle et la bête dans les pré-ventes de tickets. Les pronostiqueurs prévoient des recettes colossales de 170 millions de dollars pour sa sortie lors du week-end du « Présidents’ day » en Amérique du nord, et les critiques sont pour l’instant dithyrambiques.
« C’est une histoire avec un attrait universel et en même temps très ancrée dans la culture afro-américaine », observe Paul Dergarabedian de la société spécialisée dans le box-office comScore.
Mais au-delà de la valeur marchande, du « buzz » sur les réseaux sociaux, Black Panther pourrait représenter un tournant dans la représentation des noirs à l’écran, et du poids des artistes de couleur à Hollywood.
Jamais vu ça
En témoigne le magazine Time qui a mis Chadwick Boseman en couverture de son dernier numéro avec le titre: « le pouvoir révolutionnaire de Black Panther« .
« On a mis tout notre cœur » dans le film « mais la réaction des gens alors qu’ils ne l’ont pas encore vu, on n’a jamais vu ça. C’est fou », a reconnu l’acteur de 41 ans, pendant une séance de questions-réponses sur Twitter lundi.
Vu dans Marshall, Get on up ou Gods of Egypt, il incarne T’Challa alias Black Panther, roi de la nation fictive de Wakanda, la civilisation la plus avancée de l’univers Marvel.
« J’ai grandi en lisant des BD, j’adorais Black Panther et j’ai attendu ce film toute ma vie », s’enthousiasme l’acteur, scénariste et réalisateur afro-américain Ahmed Best.
« Il n’y avait pas beaucoup de super-héros qui me ressemblaient quand j’étais enfant » et Black Panther était « central dans l’univers Marvel. Il dirige le pays le plus riche, c’était aussi un physicien, avec une spiritualité très importante, une connexion forte avec ses ancêtres, ce qui est capital dans la culture africaine », remarque encore celui qui a incarné Jar Jar Binks dans Star Wars.
Wakanda romp aussi avec le stéréotype de l’Afrique victime et sinistrée en imaginant une contrée riche, jamais colonisée, qui accueille les réfugiés de nations plus pauvres.
Ahmed Best compare l’impact de Black Panther dans l’imaginaire de jeunes noirs à celui qu’a eu la présidence de Barack Obama: grâce à lui « les enfants noirs dans le monde pensent ‘je suis capable de faire ça parce que lui l’a fait' ».
Signe de l’effervescence autour du film, Fred Joseph, un consultant en marketing de New York, a créé une campagne de crowdfunfing pour lever 10 000 dollars et permettre au Club des garçons et filles de Harlem à New York d’aller voir le film.
« Help Children See Black Panther » a fini par générer cinq fois le montant espéré et des centaines de campagnes du même type ont été lancées autour du monde.
Il décrit le film comme « une rare chance pour les jeunes élèves, surtout de couleur, de voir un personnage noir majeur cinématique et issu des BD » sur le grand écran.
Jeff Bock, de la société spécialisée dans le box-office Exhibitor Relations, souligne que l’un des enjeux du film, c’est aussi « ce qui marche ou pas à Hollywood. »
« L’idée répandue que les films noirs ne font pas recette, c’est faux », assure Ahmed Best.
Plusieurs experts interrogés disent s’attendre à ce que le film ait sur la diversité ethnique le même effet qu’a eu Wonder Woman pour les femmes: persuader les studios qu’ils peuvent gagner gros en misant sur des projets qui ne sont pas seulement conçus pour les hommes blancs.
Le Quotidien/ AFP