Doucement mais sûrement, à quelques semaines du référendum, les langues se délient et le débat s’installe. Les sondages ne sont pas encourageants pour les partisans du « oui ».
Il semblerait que le pays soit condamné à rester ce qu’il est, c’est-à-dire avec bientôt une minorité de votants au milieu d’un îlot d’étrangers qui vont continuer à vivre leur petite vie sans se préoccuper de politique, tant que les conditions économiques et sociales leur sont favorables. Pourtant, d’autres étrangers se sentent concernés par ce qui se passe là où ils vivent. Beaucoup ne peuvent pas voter dans leur pays d’origine et ne sont donc pas autorisés non plus à voter au Grand-Duché. Des apatrides du vote en quelque sorte.
On leur rétorque qu’ils n’ont qu’à se faire naturaliser luxembourgeois, et on peut lire entre les lignes que pour pouvoir avoir son mot à dire, encore faut-il savoir le dire en luxembourgeois. C’est le type de commentaires qu’on peut notamment lire sur les réseaux sociaux.
Après tout, c’est ce qu’on demande dans la majorité des autres pays non ? Certainement, mais il serait temps que la citoyenneté de résidence s’impose partout, au-delà de la notion d’identité nationale. Au fond, les étrangers ont déjà l’opportunité de voter aux élections communales et le pays continue de fonctionner. Le Luxembourg devrait saisir l’occasion pour se démarquer et devenir pionnier en la matière.
La situation du Grand-Duché est de toute façon unique… En Europe. Bien sûr, en votant «non», rien ne changera, mais la courbe du nombre d’étrangers ne va pas cesser de monter pour autant. Si l’introduction de la double-nationalité a ralenti la cadence, la barre des 50% d’étrangers sera bientôt franchie, qu’on le veuille ou non.
Les Luxembourgeois ont donc deux options : devenir un exemple pour l’Europe, une vitrine pour l’intégration et le vivre ensemble ou, au contraire, ressembler à ces émirats comme le Qatar ou Dubaï, où seule une poignée de nationaux décide pour le reste du pays. Une question de choix.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)