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Trafic de drogue nigérian depuis Longwy : jusqu’à six ans de prison ferme


D'après l'enquête, la base arrière du trafic de cocaïne se trouvait à Longwy, au 9 rue Pierre-Albert-Labro. Plusieurs revendeurs assuraient tous les jours le passage de la frontière luxembourgeoise. (photo Le Républicain Lorrain/René Bych)

Les sept prévenus du présumé réseau de stupéfiants nigérian de Longwy actif au Grand-Duché ont écopé, ce jeudi matin, des peines allant de trois ans assortis d’un sursis partiel à six ans ferme. Le tribunal n’a en effet pas retenu la circonstance aggravante que les infractions ont été commises au sein d’une structure organisée.

C’est le 13 décembre 2016 que les autorités françaises et luxembourgeoises avaient arrêté les sept prévenus, âgés de 32 à 49 ans. La présumée tête de cet important trafic frontalier était interpellée alors qu’elle se rendait à Rodange en bus. D’après le parquet, la base arrière de son important trafic de cocaïne se trouvait dans une ville proche de la frontière luxembourgeoise, Longwy. La marchandise était proportionnée dans la cité lorraine avant d’être vendue au Luxembourg.

Ce jeudi matin, la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a rendu son jugement. Elle n’a pas suivi les réquisitions du parquet. Au lieu des douze ans requis par le parquet, le principal prévenu, Jerade S. écope ainsi de six ans de réclusion ferme et d’une amende de 20 000 euros. «Il avait loué une maison au 9 rue Pierre Albert Labro à Longwy où il accueillait plusieurs personnes. Il y avait non seulement la possibilité de dormir, mais également de stocker et de préparer la cocaïne », avait détaillé l’enquêteur de la police judiciaire lors du procès. « Jerade S. donnait des instructions à tous les habitants. Il les envoyait vendre la drogue au Luxembourg.» Au cours de l’opération policière à Longwy avaient été saisis 332 g de cocaïne, 514 g de produits pour couper la drogue et 11920 euros en liquide.

En dessous du «chef», la représentante du parquet avait placé le «sous-chef» : Ajah I. «Il avait un rôle très important : importer la drogue au Luxembourg. Selon les écoutes téléphoniques, il s’y rendait presque tous les jours. À côté, il avait son propre trafic dont il tirait ses propres bénéfices.» En se basant sur les déclarations des consommateurs, les enquêteurs avaient calculé qu’en un an et demi, il avait vendu de la cocaïne pour 50 000 euros. Les 46 jours où il se trouvait sur écoute avaient également permis d’établir qu’il avait demandé qu’on lui prépare 677 g de cocaïne pour une contre-valeur estimée entre 26 000 et 28 000 euros. Le trentenaire qui vivait avec Jerade S. dans l’appartement à Longwy est condamné à cinq ans de réclusion, dont trois avec sursis, et à une amende de 15000 euros. Pour rappel, le parquet avait requis dix ans de réclusion à son encontre.

La circonstance aggravante non retenue

Enfin, les cinq autres prévenus de cette affaire écopent de peines allant de trois ans à cinq ans de prison. À l’exception d’un prévenu, tous se sont vu accorder un sursis partiel. Tous sont, par ailleurs, condamnés à une amende. Cette dernière s’élève de 1 500 euros à 15 000 euros. D’après l’enquête, l’un s’était notamment vu confier le business en l’absence du chef, un autre était spécialisé dans la préparation des boules de cocaïne… «C’était efficace, lors d’une commande d’un client, il suffisait d’envoyer un homme de l’autre côté de la frontière», avait constaté la représentante du parquet. Pas de doute, selon elle, qu’à l’exception du prévenu vivant à Bereldange (L), tous avaient activement participé à ce trafic de cocaïne qui avait sa base arrière à Longwy. À la grande satisfaction de la défense, le tribunal a toutefois dit qu’il n’y a pas lieu de retenir, pour tous les prévenus, la circonstance aggravante que les infractions ont été commises au sein d’une association de malfaiteurs. Ce qui explique, au final, que les peines prononcées sont bien moins élevées que celles requises par le parquet.

Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst