Vincent Dias Dos Santos (27 ans) va tenter d’apprécier à sa façon ses 40 ou 50 minutes de course, dimanche.
Non, ce n’est pas la pluie qui a obligé Vincent Dias Dos Santos à mettre un coup de frein cette semaine à son entraînement. Mais tout simplement ses obligations professionnelles combinées à un net besoin de souffler. De se régénérer. Avant sa dernière sortie de la saison, dimanche, aux Mondiaux de Valkenburg. Le bouquet final d’une saison où certes il n’est pas plus devenu champion national que par le passé, mais où l’intéressé a décroché le label régularité conféré par le classement final de la Skoda Cross Cup. «Je suis content de ma saison. Pour moi, la Skoda Cross Cup, ça représente quelque chose et, dimanche, je ne le cache pas, je vais tout d’abord me faire plaisir», avance-t-il en toute franchise.
Si la course est prévue sur une heure et plus, comme toutes les épreuves de haut niveau, Vincent Dias Dos Santos, comme ses deux compatriotes Gusty Bausch et Scott Thiltges, n’est pas sûr d’aller au bout, loin s’en faut. Le contraire serait même surprenant. C’est devenu une triste habitude, les meilleurs sont devenus si rapides qu’il est impossible pour la bonne moitié du peloton de départ de rallier l’arrivée sans être invité par les commissaires à quitter le circuit, les hommes de tête pointant alors le bout de leur nez affûté (NDLR : pour ne pas nuire à la lisibilité du spectacle, les coureurs retardés sont sortis de la course lorsque la tête de course se rapproche des retardataires). «On disait encore récemment que Sven Nys était le plus grand coureur de tous les temps en cyclo-cross, mais Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert, qui vont encore se livrer un duel, sont à mon avis, bien au-dessus», explique Vincent.
Ces deux jeunes loups morts de faim relèguent en effet le troisième à une minute et plus, un gouffre à ce niveau. «De vrais prototypes pour le cyclo-cross, suggère Vincent Dias Dos Santos. Dimanche dernier à Hoogerheide, où je finis 47e, j’étais dans un groupe avec de bons coureurs comme le Français Mourey ou l’Italien Fontana. Mais on a tous été obligés de prendre la porte», image-t-il parfaitement.
«Une expérience de vie unique»
Pour conjurer le sort, inextricable sort, le Luxembourgeois de 27 ans n’a pas de solution miracle à présenter. Seulement un peu de bon sens. «Étant donné qu’on est appelés à nous effacer, à ne pas passer la ligne d’arrivée au terme du Mondial, alors je prendrai la course comme si elle n’allait durer que 40 ou 50 minutes. Comme ça au moins, je me serai donné à fond au moment où on m’annoncera que les gros cylindres sont en vue…»
D’ailleurs, à Hoogerheide, il avait décidé de pousser la curiosité, juste pour voir passer les bolides. «À côté, sourit-il, un coureur comme Bob Jungels passerait pour un junior. C’est ce que j’ai retenu lorsque je les ai vus passer…»
Il le suppose par avance, le circuit, très physique et rendu boueux par la pluie de cette semaine, sera intraitable. «Comme d’habitude, ça partira à fond. Derrière, ça va ralentir et il faut espérer trouver l’ouverture pour limiter au mieux la casse. »
Oui, tout cela risque bien de se résumer en galère. Mais Vincent Dias Dos Santos n’en a cure, il compte bien profiter de son championnat. Qu’il vit comme une sorte de récompense. Il conclut : «La famille et les proches sont heureux de voir l’un des leurs porter le tricot de la sélection dans un championnat du monde. Pour moi, c’est une expérience de vie unique. En tant qu’amateur, tu côtoies dans la même course de grands pros. Et je pense que les pros n’ont pas le temps d’apprécier ce que nous on vit. Et alors, ce n’est pas un sacrifice du tout, du pur plaisir…» Un plaisir chronométré à la minute près !
Denis Bastien