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Scavenger’s Lunch se met à table


Danny Epstein, Jo Eiffes, Daniel Megyimori et Thierry Gillet forment Scavenger's Lunch. (photo DR)

Le quatuor Scavenger’s Lunch vient de faire ses débuts aussi bien sur scène que dans les bacs avec la sortie de son premier EP, Modern Slave. Du garage rock qui sent bon les années 90 !

Scavenger’s Lunch… Avouons-le, le nom du groupe n’est pas très appétissant. Ce «repas des charognards» en français n’est pas qu’une boutade jetée là au moment de chercher un nom pour le groupe. Non, non. Tout est bien réfléchi, assurent les rockeurs. «C’est certain, au premier abord, les charognards n’ont pas une très bonne réputation», note Thierry, le bassiste. «Ils sont un peu à la marge de la société animale justement parce que ce sont des charognards, rebondit Daniel Megyimori, chanteur et guitariste, mais on oublie trop facilement qu’ils ont un rôle très important. L’écosystème a besoin de ces animaux. Même s’ils ne sont pas beaux, qu’ils ne sont pas très présentables et qu’on ne les aime pas vraiment.»

On pourrait presque tenter le parallèle avec la difficile acceptation des artistes et des rockeurs par une certaine frange de la population. Quoi qu’il en soit, une hyène, un raton laveur, un vautour et un rat trônent fièrement sur la pochette de Modern Slave, première publication du band. «Chacun de ces animaux représente l’un de nous quatre», s’amusent les premiers intéressés. «En plus, une caractéristique de ces quatre animaux est que ce sont des survivants qui savent se débrouiller avec ce qu’ils ont.»

Bref, les membres de Scavenger’s Lunch ont faim. Faim de musique, faim de concerts. Normal pour un groupe né en 2013 et qui vient à peine de prouver au monde son existence. «Le projet est né en 2013 quand je suis revenu de mes études à Bruxelles, explique Daniel Megyimori. Avec le batteur, Jo, on vient du même village, on a donc commencé tous les deux à répéter dans la Maison des jeunes de Mamer. Après, Dany, le guitariste nous a rejoints, et tout à coup on s’est dit que ça commençait à ressembler à quelque chose. Enfin, en 2015, Thierry nous a rejoints à la basse.» La formation ne bougera plus jusqu’à aujourd’hui.

«C’est notre manière de nous exprimer»

Si au départ le but était juste de répéter ensemble, «quand on a eu des chansons bien structurées, on a décidé de les enregistrer», se rappellent les rockeurs. Danny Epstein fait ses études en Angleterre ? Qu’à cela ne tienne. Si Jo enregistre la batterie à Mamer, tout le reste sera mis en boîte des mois plus tard à Bristol.

Le groupe se définit lui-même, sur sa présentation Bandcamp, comme étant un projet «pop-punk», mais, à l’écoute, les 22 minutes de ce Modern Slave tendent clairement vers du garage rock avec tout ce qu’il faut de rythmes effrénés, batterie ultradynamique, sonorités distordues et textes revendicatifs et pleins de hargne.

Si Danny, Jo, Daniel et Thierry ont désormais tous la vingtaine, ils semblent avoir gardé intactes leurs révoltes d’adolescent en pleine rébellion contre la société de leurs aînés.

«Je ne dirais pas qu’on est rebelles, modère Daniel, le chanteur et auteur des textes du groupe. Ce qui est sûr, c’est qu’on avait la volonté de créer quelque chose et qu’écrire des chansons me sert à digérer les différentes expériences de la vie et à en faire la critique. On sait qu’on ne va pas changer le monde avec notre musique, mais c’est notre manière de nous exprimer.»

Ainsi Modern Slave, la chanson-titre de l’EP, «raconte l’histoire d’un mec qui travaille beaucoup, gagne beaucoup d’argent, mais qui, en définitive, n’a pas de vie. C’est un sujet très luxembourgeois : j’avais clairement l’image du Kirchberg en écrivant le texte. Je voyais ce gars sortir de son bureau où il passe la journée derrière son écran, qui rentre à la maison avec sa super voiture, rentre dans son bel appart, regarde son super écran plat, mais, en vrai, il ne fait rien de sa vie. Il a créé sa propre prison et ne sait plus trop comment en sortir.» À l’opposé, In the Van «parle du rêve de chaque jeune musicien qui est de pouvoir vivre de sa musique, de prendre la route et aller de concert en concert». Bref, l’inverse de Modern Slave.

L’EP est paru le 6 janvier et a été lancé au Gudde Wëllen. Pressé à 500 exemplaires, il est disponible chez quelques bons disquaires du pays, mais également en version numérique dans les différentes bibliothèques multimédias numériques.

Reste qu’avec désormais deux de ses membres qui résident en Grande-Bretagne et deux autres au Grand-Duché, le groupe est bien obligé d’avancer au ralenti. Aucune autre date de concert n’est pour l’heure prévue. «La situation est compliquée, mais on se débrouille», assurent-ils. Rien de signé donc pour l’heure, mais Scavenger’s Lunch espère bien remonter sur scène au printemps ou pendant l’été pour présenter son Modern Slave. Avis aux programmateurs !

Pablo Chimienti