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Luc Frieden fou de pouvoir

Attention, sortie de poids lourd. Il a beau avoir une silhouette de frêle ado dont il se moque lui-même parfois, il n’empêche que Luc Frieden, c’est 30 000 voix dans les urnes de la circonscription Centre aux législatives de 2013. Les électeurs lui donnaient clairement les clefs du pouvoir, ce qu’il aime par-dessus tout. Quand il se retrouve sur les bancs de l’opposition, ses traits trahissent l’ennui et le ressentiment. Il a tenu six mois, préférant rejoindre le secteur privé et un poste de vice-président de la Deutsche Bank. Après un an et demi à Londres, il revient au pays pour prendre la présidence de la BIL et celle du groupe Saint-Paul dans la foulée.

Voilà donc Luc Frieden prêt à être candidat pour les européennes en 2019. Il ne veut pas du terrain national, c’est à un autre échelon que la politique se joue réellement. Ce qu’il vise, c’est un poste de commissaire européen, si tout va bien. Remporter une élection haut la main fait bel effet sur une carte de visite déjà blindée. Le CSV ne va pas se passer d’une telle personnalité sur sa liste en 2019, d’autant qu’il y a deux ans Claude Wiseler indiquait qu’il serait toujours extrêmement bienvenu. Un enthousiasme que ne partage pas forcément la jeune garde du parti, qui a dû jouer des coudes pour s’imposer.

Luc Frieden, rien ne l’ébranle. Ce poids plume a résisté à tous les chocs. Il a réussi à sauver sa peau dans l’affaire des poseurs de bombes, comme il est parvenu à se débarrasser des journalistes trop indépendants du Wort , hermétiques à son virage centre droit. Luc Frieden, ce qu’il veut, c’est le pouvoir. Difficile de l’imaginer s’éclater dans l’immense hémicycle à Strasbourg ou à Bruxelles, coiffé d’une simple casquette d’eurodéputé. Il est plutôt du genre mitre. Il a donc forcément une autre idée derrière la tête.

Mais il va d’abord falloir affronter les urnes. Depuis, Claude Wiseler, l’ancien prof qui a toujours préféré les tableaux noirs à ceux de Wall Street, a su s’attirer un capital sympathie. Celui-là même qui risque de manquer à celui qui a abandonné le navire. Luc Frieden, ce qu’il veut, finalement, c’est tenir la barre. Et rien d’autre. Saura-t-il nous surprendre?

Geneviève Montaigu