Nicolas Hulot a annoncé mardi que l’État français délivrera l’autorisation permettant de réaliser le très controversé contournement autoroutier de Strasbourg, déclenchant la colère des opposants au projet.
« L’État, sur la base de l’avis du CNPN (Conseil national de la protection de la nature), des nouveaux correctifs proposés par le maître d’ouvrage ainsi que de l’analyse de ses services, délivrera l’autorisation unique environnementale pour permettre la réalisation de l’autoroute », a indiqué le ministre de la Transition écologique dans un communiqué commun avec la ministre des Transports.
Le projet GCO (Grand contournement Ouest) – évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d’être relancé à la fin des années 1990 – a pour but de délester l’autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l’Alsace. La construction de cette rocade de 24 km, essentiellement payante, entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d’espèces protégées, dont le grand hamster d’Alsace, estiment les détracteurs du projet.
Nicolas Hulot avait déjà confirmé le projet en octobre, mais il avait alors demandé de le « retravailler » en raison de ses effets sur la biodiversité. Alors que le dossier se trouvait suspendu à un nouvel avis du CNPN, entretemps, les ministres avaient décidé de suspendre l’opération de déboisement nécessaire aux travaux préparatoires. Le projet présenté par Arcos, filiale de Vinci et concessionnaire du projet GCO de Strasbourg)) avait reçu plusieurs avis négatifs des experts du CNPN l’année dernière. Le Conseil national de protection de la nature a demandé « des précisions relatives à la protection de la biodiversité lors du chantier », et « pour compenser les impacts de l’infrastructure sur des espèces protégées et les écosystèmes locaux », a souligné Nicolas Hulot.
Décision dictée par « les lobbies »
La réalisation de l’autoroute doit intégrer « l’ensemble des prescriptions complémentaires nécessaires », ont précisé les ministres. Celles-ci comprennent « un renforcement et une pérennité assurée des mesures compensatoires par le porteur de projet, notamment pour les zones humides ». « Par ailleurs, l’impact environnemental de l’aménagement foncier agricole devra être maîtrisé et limité au maximum pour la biodiversité », souligne Nicolas Hulot. « Dans ces conditions, la déclaration d’utilité publique a été prorogée de 8 ans et les travaux nécessaires à la conduite du chantier préparatoire sur le tracé de l’autoroute, rendus possibles », ont annoncé les ministres.
Un comité de suivi, présidé par le préfet du Bas-Rhin sera chargé de vérifier « régulièrement » le bon respect par le concessionnaire des engagements pris. Saluant la décision de l’État, le président de l’Eurométropole de Strasbourg, Robert Herrmann estime que le projet autoroutier « est en bonne voie » et qu’il « rend compatible le développement économique et les exigences environnementales ». Cette décision est un « pas déterminant dans la construction de cet ouvrage », souligne Robert Herrmann.
Pour les détracteurs du projet, notamment EELV Alsace, cette décision « est extrêmement choquante et révélatrice du fonctionnement du gouvernement où les lobbies sont placés – Vinci en particulier – au-dessus du bien commun, de la démocratie et des préoccupations environnementales ». « Nous invitons urgemment le gouvernement à revoir sa position en écoutant l’avis des experts », ajoute EELV.
Le rassemblement devant la préfecture à #Strasbourg a commencé. Nous restons déterminés à voir notre avenir sans #GCO. pic.twitter.com/ujSG42jzG2
— GCO NON MERCI (@gcononmerci) 23 janvier 2018
Le Quotidien/AFP