Cela fait deux ans que la commune a invité Transition Minett à réfléchir avec elle au mode de fonctionnement du futur quartier, désiré comme un exemple en termes sociétal et environnemental.
Tout a commencé il y a deux ans, lorsque Dudelange a invité Transition Minett à développer un projet de jardin communautaire avec la centaine de demandeurs de protection internationale installée dans les conteneurs montés sur les friches. De fil en aiguille, la confiance grandissant entre les deux parties, les pistes de réflexion sur les coopérations possibles se sont multipliées.
«Travailler sur l’espace public et le développement de villes résilientes, c’est notre dada !, sourit Norry Schneider, coordinateur de Transition Minett. Les discussions avec la commune de Dudelange autour du quartier Neischmelz sont très positives : désormais, il ne s’agit plus d’imaginer la ville de demain, mais de la faire.»
Car dès le départ, le bourgmestre de la Forge du Sud, Dan Biancalana, a été très clair : la reconversion de ces friches laissées par ArcelorMittal au beau milieu du tissu urbain dudelangeois devra être moralement exemplaire. «Nous mettons en place avec Transition Minett des forums pour que les habitants s’approprient le site et le projet et qu’ils nous disent ce dont ils ont envie», appuie-t-il.
«Nous espérons que ça fasse boule de neige»
Le volet écologique est particulièrement mis en avant. «Nous voulons un quartier aux émissions de CO2 neutres», assure-t-il. Au niveau de l’énergie, il y aura le solaire et le photovoltaïque, bien sûr, mais aussi l’exploitation de la géothermie «une première à cette échelle dans le pays». L’autre levier vert sera celui de la mobilité. Le futur quartier sera construit selon les règles du shared space (vitesse limitée à 30 km/h, autos et piétons seront sur un pied d’égalité) et l’intégration du futur bus à haut niveau de service (BHNS) qui reliera Dudelange à Rodange est déjà prévue.
Dan Biancalana assure que cet état d’esprit s’inscrira dans la durée, «il ne s’agit pas d’un one shot, mais de la volonté de créer ici une école de la démocratie dont les projets évolueront en fonction de l’avancement des travaux». Norry Schneider est ravi de cette dynamique : «C’est la première fois au Luxembourg qu’une friche est transformée sur le principe de la transition, nous espérons que cela fera boule de neige !».
Erwan Nonet
Premiers logements espérés pour 2022
Le Fonds du logement, développeur immobilier du quartier, prévoit une moyenne de 100 unités d’habitation chaque année.
Le site de l’ancien laminoir comptera au final un millier d’unités d’habitation. Avec la transformation des friches de Wiltz – de taille équivalente –, il s’agit du plus gros dossier du Fonds du logement. Toutefois, il va falloir attendre un peu avant de songer à y emménager. La première étape sera de conclure une fois pour toute la modification ponctuelle du plan d’aménagement général (PAG) qui permettra de valider les quatre plans d’aménagement particulier (PAP) qui définiront le futur quartier. Tous les acteurs sont confiants sur la validation rapide du volet administratif, d’ici deux à trois mois.
C’est alors que les gros chantiers pourront être envisagés. «Les travaux d’infrastructures vont débuter au milieu de l’année prochaine, mais nous ne pourrons commencer à développer le programme de construction des habitations qu’une fois qu’ils seront achevés», souligne le coordinateur général du Fonds du logement, Mario Schweitzer. Cette première phase du chantier prendra environ deux ans. Mario Schweitzer table donc sur un début des constructions dans le courant 2020. Des résidences et des maisons «Il faut compter deux ans pour réaliser un bloc, les premières unités d’habitation seront fonctionnelles en 2022», précise-t-il. Le premier lot en comportera 40, mais le Fonds du logement compte hausser le rythme pour parvenir à une centaines de nouveaux logements créés chaque année en moyenne sur le site.
Puisque la mixité est le maître-mot de l’urbanisme du nouveau quartier, les habitations seront constituées de résidences à taille humaine (pas plus de quatre étages) et de maisons individuelles. «Les résidences seront essentiellement situées au centre et au nord du quartier, tandis que les maisons individuelles se trouveront aux abords du quartier Italie et au Sud, le long de la route de Wolmerange», indique Mario Schweitzer.
Le développement du quartier prendra du temps. Dan Biancalana, le bourgmestre de Dudelange, estime qu’il faudra compter «entre 10 et 15 ans». Rendez-vous en 2034 !