Les Allemands n’auront plus à hâter le pas en passant au centre de Berlin devant la célèbre « horloge de la dette » nationale. Pour la première fois en 22 ans, celle-ci recule désormais, au rythme de 78 euros par seconde.
La dette publique allemande, qui atteint actuellement quelque 2 000 milliards d’euros, soit 23 827 euros par personne, reflue en fait déjà depuis 2013. Mais ce désendettement ne sera pris en compte dans les budgets fédéraux et régionaux du pays que cette année, explique la fédération allemande des contribuables (BdST), qui a installé ce compteur digital sur sa devanture en 1995. Cette fédération, spécialisée dans la traque des dépenses publiques inutiles, a donc décidé au 1er janvier de sortir la clé, ou plutôt l’algorithme, permettant d’ajuster la « Schuldenuhr », (l’horloge de la dette en Allemand) pour fêter l’évènement tant attendu.
« Il y a encore peu, le gouvernement fédéral et les régions portaient la responsabilité de cette politique d’endettement, heureusement cette politique nuisible aux futures générations s’est arrêtée », s’est réjoui Reiner Holznagel, le président de la fédération des contribuables, dans un communiqué. Depuis 2014, la chancelière allemande Angela Merkel et son ancien grand argentier, l’ex-ministre des finances Wolfgang Schaüble, ont fait de l’équilibre budgétaire avec absence de déficit, l’alpha et l’omega de leur politique.
Mieux même, le pays dégage désormais des excédents. Si le prochain gouvernement maintient ce cap de l’orthodoxie libérale, l’actuel ministre des Finances, Peter Altmaier (CDU), a estimé en novembre que l’Allemagne pourrait dégager un excédent budgétaire de 30 milliards d’euros sur les quatre années à venir. Qu’en faire et comment prioritiser l’investissement public ? C’est l’un des sujets qui sera abordé lors de la reprise dimanche des pourparlers entre le parti conservateur d’Angela Merkel et ses possibles futurs alliés sociaux-démocrates en vue de former à nouveau un gouvernement de coalition. Sujet de crispation en Allemagne, ce problème reste relatif par rapport à la situation d’autres pays européens.
Avec une dette de 68,1% du PIB, l’Allemagne est proche des critères prévus par le Traité de Masstricht, soit 60% d’endettement. La France (96,9% du PIB) reste avec l’Espagne le seul pays de la zone euro encore sous le coup d’une « procédure de déficit excessif », qui peut aboutir à des sanctions et des amendes – même si cela ne s’est encore jamais produit.
Le Quotidien/AFP