Le ministère du Logement a pu présenter un bilan très positif pour les deux promoteurs publics en matière de création de logements à prix abordable et de logement social. Si le gouffre à combler reste important, Fonds du logement et SNHBM ont «produit» en 2017 près de 400 unités. Les chiffres ont triplé, la machine semble être lancée.
Le Luxembourg et le logement. Il s’agit d’une histoire sans fin, souvent d’un énorme gâchis, d’occasions ratées, d’une suprématie des promoteurs privés, des magnats de l’immobilier qui n’existent pas uniquement à New York et Washington. La politique est restée pendant de longues années impuissante face à une explosion des prix en raison d’une relation entre offre et demande bien trop déséquilibrée.
«Ces dernières années les prix du logement ont atteint des sommets inconnus. Cette évolution préoccupante est liée à une offre de logements et de terrains insuffisante, à la présence d’une minorité de ménages disposant d’un pouvoir d’achat élevé, à la lenteur administrative excessive de viabilisation de terrains ainsi qu’à l’évolution économique et démographique du Grand-Duché», peut-on lire dans l’accord de coalition du gouvernement assurant le «service après-vente» – comme le clame le Premier ministre libéral, Xavier Bettel – à l’issue d’un très long règne de près de 35 ans du CSV, plus souvent allié au LSAP qu’au DP lors des coalitions successives entre 1979 et 2013.
Lors de sa déclaration gouvernementale en décembre 2013, le tout jeune chef du gouvernement, Xavier Bettel, ayant succédé au Premier ministre perpétuel Jean-Claude Juncker, avait trouvé des mots clairs face aux députés. «Le problème du logement divise notre société : il y a ceux qui peuvent se payer un logement et ceux qui ne le peuvent pas, qui ne le peuvent que difficilement ou qui ne le peuvent plus», avait ainsi lancé l’ancien bourgmestre de la capitale.
«Un gouffre de 30 000 logements à combler»
«Auparavant, des logements sociaux ont bien été créés mais finalement, ils ont été revendus à des promoteurs privés. La loi le permettait, et cela a été pratiqué…», note Max Hahn (DP), qui préside la commission du Logement. «Ces logements ont été vendus sur le libre marché. Il existe des gens qui ont fait fortune avec ces ventes de logements sociaux alors que l’État a perdu des logements sociaux, chose qu’on ne peut pas se permettre alors qu’on sait qu’on a un gouffre de plus de 30 000 logements de ce type à combler», enchaîne-t-il.
Mardi, à l’issue de l’entrevue de la commission du Logement avec les responsables du Fonds du logement et de la SNHBM, les élus du CSV ne se sont pas trop attardés face à la presse. Un signe ?
Au plus tard, en février lors du débat de consultation à la Chambre des députés sur la situation sur le marché du logement, le CSV devra expliquer comment il compte redresser la barre, chose déjà tentée en vain par Jean-Claude Juncker en personne. «Dès que cela coince dans un domaine précis, comme le logement, le Premier ministre loue uniquement l’unité de son équipe et dit que c’est la faute aux anciens gouvernements», s’est contenté de dire mardi à RTL le chef de file du CSV, Claude Wiseler. Celui qui ambitionne de devenir Premier ministre à l’issue des législatives du 14 octobre semble encore une fois oublier que son parti détenait le portefeuille du logement pendant trois décennies. S’il n’est pas évident de rééquilibrer les forces en présence sur le marché immobilier en cinq ans, le gouvernement sortant a marqué au moins des points en présentant ce bilan 2017.
Ces chiffres encourageants n’ont pas été commentés par le CSV ou l’ADR. Pour déi Lénk et son député David Wagner, il s’agit d’une avancée, «même si à eux deux, le Fonds et la SNHBM ne pourront pas résoudre toute la problématique». De nombreuses pistes à creuser ont été évoquées. On devrait y voir plus clair dès le mois de février, mais aussi dans les programmes électoraux des différents partis.
David Marques