C’est la particularité des agents secrets luxembourgeois : il n’y a presque plus rien de secret. En effet, les inspecteurs «gadgets», qui utilisent des montres sophistiquées pour enregistrer des entretiens avec les hommes politiques, sont tout sauf discrets. Même les logiciels dont ils se servent, après un certain temps, sont pleins de mystères.
À l’époque des Bommeleeër, ils pouvaient encore faire croire que les attentats qu’ils perpétraient étaient pour le bien de la nation.
Aujourd’hui, les plus rusés se profilent comme agents doubles, au point de ne plus savoir eux-mêmes s’ils travaillent pour l’OTAN, l’ex-KGB, ou sa Gracieuse Majesté.
Aujourd’hui, pour quelques-uns, la thérapie consiste à faire croire au grand public (et à le croire eux-mêmes) que les plus fantastiques théories du complot ont été la pure réalité. De ce fait, nos agents rejoignent la politique du Potus (President of the United States). Le complot incendiaire existe bel et bien : il suffira de transférer l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, et la démarcation entre sionisme et sémitisme s’estompe.
Sur la quatrième page de couverture, l’agent secret A. K. affirme que «depuis 1945, les forces de l’ordre et la politique sont complètement débordées». Pertinemment, il relie cette constatation étonnante à la survenue de la crise des réfugiés. Il raconte, dans son roman, que le protagoniste («je») est détaché dans un groupe d’extrémistes, où sa vie sera menacée.
Jean Rhein