Malgré la crainte de ruptures de stock qui menacent certains jouets stars et le risque que le cadeau souhaité ne soit pas livré à temps, les Français semblent avoir, une nouvelle fois, retardé au maximum leurs achats de Noël.
« Partout dans le monde, on remarque que les gens achètent de plus en plus tard leurs cadeaux de Noël, indique Frédérique Tutt, experte du marché du jouet pour le cabinet NPD.
Cette année, le calendrier y est pour beaucoup, avec un début des vacances scolaires, vendredi soir, qui tombe deux jours avant le réveillon de Noël.
Mais « même dans les pays protestants, qui fêtent la Saint-Nicolas (le 6 décembre, NDLR), c’est la même chose », relève Frédérique Tutt.
Le fait de faire ses courses toujours plus tard « n’est pas particulièrement une tendance franco-française, nous sommes plutôt dans la moyenne européenne, mais c’est vrai qu’elle s’accentue en raison notamment des promesses de livraison ultra-rapides de l’e-commerce », explique de son côté Agnès Crozet, de l’Observatoire Société et Consommation (ObSoCo).
Dans le secteur du jouet, le chiffre d’affaires réalisé en ligne a ainsi plus que doublé depuis 2012 et représente aujourd’hui 26% des ventes à Noël, selon le cabinet NPD.
Avec un shopping de Noël devenu plus confortable et plus flexible, le consommateur est incité à retarder de plus en plus ses achats de cadeaux. Les sites de commerce en ligne ont ainsi multiplié ces derniers jours courriels et SMS à leurs clients pour leur « garantir » que malgré une commande tardive, leur paquet serait bel et bien livré samedi à domicile, voire dimanche en magasin, à temps pour être disposé au pied du sapin.
A destination de ses clients « premium », Amazon promet même une livraison dans Paris et ses environs, Aix-en-Provence, Lyon et Marseille, avant minuit le 24 pour toute commande passée avant 21h30, voire à 23h00.
Distributeurs à flux tendu
De quoi jouer avec les nerfs des consommateurs? Non, il s’agit bien d’une réponse aux nouvelles tendances de consommation: on passe désormais ses commandes jour et nuit, quand l’idée nous vient, et on s’attend à ce que le vendeur fasse preuve de la même réactivité.
« Les achats sur (téléphone) mobile représentent 27% des ventes en ligne sur la période de Noël », précise ainsi le panel Webloyalty.
Et pour ceux que la cohue dans les magasins n’effraient pas, la plupart des grandes enseignes seront ouvertes dimanche.
Mais une donnée plus psychologique peut expliquer ces achats réalisés toujours plus tardivement, selon Agnès Crozet: « un certain désenchantement à l’égard des courses de Noël, un embarras devant ce passage obligatoire qui consiste à devoir trouver un cadeau, original et qui plaise, quand on a déjà tout », note l’experte.
D’où, une tendance à offrir des « cadeaux immatériels, des expériences à partager », tels un saut en parachute, des cours de cuisine, un bon restaurant, un abonnement, un spectacle… Afin, explique-t-elle, « de créer un souvenir ensemble plutôt que d’offrir un énième objet ».
Si pour les adultes, ce type de cadeau peut être apprécié, les enfants, eux, sont plus matérialistes et s’attendent à ce que leurs vœux, exprimés dans leur liste au Père Noël, soient réalisés.
Attention cependant aux ruptures de stocks pour les retardataires, prévient Frédérique Tutt: certaines toupies Beyblade, la « Slime Factory » de Canal Toys ainsi que l' »Escape Game » de Dujardin, sont désormais introuvables, et les distributeurs travaillent ces derniers jours « à flux tendu » pour contenter leur clientèle.
Le Quotidien/ AFP