Avec le sacre mondial remporté à Hambourg, les handballeuses françaises ont rejoint les hommes en plein lumière au sommet de leur sport, après avoir été longtemps dans l’ombre des extraordinaires résultats des Experts.
Aucun sentiment de revanche chez les Bleues, mais le bonheur d’avoir fait avancer leur discipline, devenue de très loin la plus grande pourvoyeuse de médailles des sports collectifs du pays: 18 dont 11 d’or chez les hommes depuis 1995 et 9 dont 2 d’or chez les femmes depuis 1999.
« A une époque, il y avait une vraie différence entre les garçons qui gagnaient tout et nous qui étions en retrait, mais finalement, on a fait la même médaille aux derniers Jeux et à ce Mondial. On construit notre histoire avec du retard, mais on commence à exister, pas uniquement dans l’image des garçons, mais avec notre singularité. C’est une vraie fierté », dit la demi-centre Estelle Nzé-Minko.
Selon l’ailière Manon Houette, certaines sont féministes et d’autres pas, mais toutes militent pour agrandir la place de leur sport dans le paysage français. Côte à côte avec les garçons. « Ça me va d’être associée à des mecs comme ça. Bien sûr, au début, il y avait ce petit complexe des résultats. On n’a pas encore gagné 250 médailles d’or, mais je pense qu’on est sur la bonne voie », dit la joueuse de Metz.
Déclic olympique
La France tient une place de choix dans le handball féminin depuis près de 20 ans, et elle avait même déjà été championne du monde en 2003, mais il a fallu attendre la médaille d’argent aux jeux Olympiques de Rio pour que le déclic se produise.
« On a senti une vraie ferveur, même si on était très loin. La France nous a découvert et ça a continué avec l’Euro (médaille de bronze en décembre 2016). On reçoit plein de message. Dans les clubs, j’ai vu des affiches pour le recrutement avec des photos de nous. Il y a des indicateurs qui montrent que notre parcours fait du bien au handball français », raconte Nzé-Minko.
Pour toutes les joueuses, le progrès se mesure au passage des matchs sur des chaînes gratuites grand public. A ce titre, la diffusion des Mondiaux masculin et féminin par le groupe TF1, avec au micro le commentateur-vedette de l’équipe de France de football Grégoire Margotton, est un immense succès.
Mais les handballeuses espèrent bien plus encore. « Si on pouvait passer un peu plus souvent sur des chaînes accessibles à tout le monde, ce serait mieux pour le handball. Quand je vois que le foot féminin passe alors qu’elles n’ont rien gagné du tout, je me dis pourquoi pas nous? », s’étonne Alexandra Lacrabère.
D’autant que toutes sont convaincues du potentiel populaire de leur discipline. « C’est un sport agréable à regarder. Les gens qui en voient à la télé ou qui viennent dans les salles disent qu’il se passe toujours quelque chose, un but, un arrêt de la gardienne », dit Amandine Leynaud, le « dernier rempart » des Bleues.
L’année 2018 offrira une belle occasion de faire avancer leur cause: l’Euro féminin, qui aura lieu en décembre dans l’Hexagone.
Le Quotidien/ AFP