Le Premier ministre honoraire et ancien président de la Commission européenne, Jacques Santer, avait raconté la semaine dernière la boutade d’un haut diplomate européen. Avec la disparition d’Helmut Kohl, l’Europe ne dispose plus de citoyen d’honneur en vie. «Lors d’un déjeuner, il a estimé qu’il fallait accorder ce titre honorifique à David Cameron et Donald Trump», a confié le prédécesseur de Jean-Claude Juncker lors d’une conférence avec le président honoraire du Conseil européen, Herman Van Rompuy.
Les deux chocs provoqués par l’ancien Premier ministre britannique et le président des États-Unis auraient en effet permis de relancer le projet européen d’après ce diplomate. La semaine dernière également, Herman Van Rompuy avait présenté son triptyque (équité, prospérité et sécurité) pour assurer l’avenir de l’UE.
À cette liste, il faut ajouter la solidarité, principe clé qui figure à l’origine du projet de paix que constitue depuis plus de 60 ans l’Union européenne. Après des années de crises et de flottements, où l’Europe semblait ne plus tenir qu’à un fil, les 28 chefs d’État et de gouvernement ont profité de cette année 2017 pour faire un pas en avant. Le divorce annoncé avec Londres et l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche ont permis de renforcer à nouveau l’unité au sein des États membres. Le lancement de la politique de défense commune témoigne de cette volonté d’aller à nouveau de l’avant.
L’unité affichée face au Royaume-Uni est un autre exemple. Les grandes priorités pour 2018 et 2019 se situent cependant à un autre niveau. Pour rester crédible, l’UE devra enfin ancrer une politique migratoire digne de ce nom, avec des couloirs ouverts à l’immigration légale.
Et ensuite, le socle européen des droits sociaux doit devenir une réalité. Toute autre décision serait hypocrite et le fossé qui sépare toujours l’Union européenne de ses citoyens serait probablement creusé pour l’éternité.
David Marques