Des mises en garde relatives à la menace d’une attaque contre l’université kényane de Garissa ont été ignorées avant le massacre dans lequel 148 personnes ont été tuées par les islamistes shebab, a reconnu jeudi le ministre de l’Intérieur.
« Il y a eu un manque de coordination de la part des responsables, il y avait des informations selon lesquelles ce lieu allait être attaqué », a déclaré le ministre Joseph Nkaissery devant une commission parlementaire sur la sécurité. La sécurité aurait dû « être renforcée » et, dès le début de l’attaque du 2 avril, la réponse des forces de l’ordre a souffert d’un « manque de coordination », a-t-il reconnu.
Cent quarante-huit personnes, dont 142 étudiants, ont été tuées dans l’attaque de l’université de Garissa (nord-est), une opération commando revendiquée par les islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda. La presse kényane a accusé les autorités de n’avoir pas su empêcher le massacre en dépit de renseignements faisant état d’une menace d’attaque imminente, et d’avoir mal protégé le site.
Les failles des services de renseignements et de sécurité sont habituelles au Kenya. Elles avaient notamment été constatées en septembre 2013 lors de l’attaque du centre commercial Westgate de Nairobi. Des mises en garde contre une attaque avaient été ignorées et, pendant leur réponse à l’assaut des shebab, les policiers et les militaires s’étaient tirés mutuellement dessus.
Le ministre de l’Intérieur, nommé en décembre 2014 après le limogeage de son prédécesseur, consécutif à une série d’attaques shebab, a défendu jeudi devant la commission son ministère, blâmant les responsables régionaux. Il a notamment accusé le commissaire du comté de Garissa, Njenga Miiri, qui avait été transféré à Garissa de son poste précédent de Lamu, une région côtière qui avait subi une série d’attaques attribuées aux shebab.
« Je pense que nous avons déplacé un problème », a estimé le ministre. Njenga Miiri « a été informé et n’en a rien fait. Cela s’était déjà passé ainsi à Lamu ». Le 21 avril, le gouvernement kényan avait annoncé la suspension de neuf responsables des services de sécurité de Garissa, dont Njenga Mitri, qui pourraient être inculpés de négligence criminelle après le massacre perpétré à l’université. Le ministre a également reconnu que les forces spéciales envoyées depuis Nairobi ont mis plusieurs heures avant d’être opérationnelles à Garissa.
AFP