Le président de l’OGBL, André Roeltgen, a tenu, mercredi soir 29 avril, un discours solennel et revendicateur, à l’occasion de sa première fête du Travail dans ses nouvelles fonctions. Cinq mois après avoir succédé à Jean-Claude Reding, il a marqué les esprits.
Connue pour ses thermes, la commune de Mondorf-les-Bains a connu un véritable bain de foule, mercredi soir. Une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas les propriétés curatives des sources de la commune du député-maire Lex Delles qui ont attiré la grand foule, mais les paroles revendicatrices d’André Roeltgen, qui a célébré son premier 1er Mai, à sa façon.
Un bain de foule syndicaliste aux vertus conquérantes en somme, qui a attiré quelque 400 délégués et membres de l’OGBL («comité national élargi»). Sans compter les nombreux invités, parmi lesquels le ministre du Travail, Nicolas Schmit, et plusieurs députés.
Invité à la tribune par le chef de la section locale de l’OGBL, Disma Cum, André Roeltgen n’est pas passé par quatre chemins pour dire ses quatre vérités, en haranguant cette foule toute acquise à sa cause.
L’Union européenne et ses institutions (CE et BCE), le FMI, le gouvernement luxembourgeois, le patronat, ou encore le Parti chrétien-social (CSV) : tous en ont pris pour leur grade, mercredi soir.
À commencer donc par l’Europe et sa commission Juncker tant décriée pour sa politique d’austérité et son néo-libéralisme, que pour le plan de son président (NDLR : plan Juncker) suscitant un scepticisme certain dans les propos d’André Roeltgen; il n’y croit pas et ne s’en cache pas.
« Seules les banques ont été soutenues, pas les Grecs ! »
L’Europe est mal dirigée et elle se porte mal : André Roeltgen tient à le souligner en évoquant les 25 millions de chômeurs de l’UE et autres inégalités sociales croissantes.
La porte ouverte aux ennemis de la démocratie, selon lui. Les résultats obtenus par le Front national aux dernières élections départementales françaises en sont un exemple flagrant. À l’inverse, la pseudo-gestion de la crise grecque télécommandée par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et ses diktats, constitue, elle, l’exemple parfait d’une politique européenne déliquescente.
«Un désastre, un sabotage !», a estimé André Roeltgen qui s’est insurgé du fait que « seules les banques ont été soutenues, pas les Grecs! ».
Bref, l’Europe est en proie à toutes sortes de pathologies et le démantèlement social continu qui découle de la politique budgétaire menée à tort est comparé à un « cul-de-sac » ou à « une voie sans issue ».
« Faire front commun contre le TTIP »
Même son de cloche critique concernant le traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis au sujet duquel il a lancé un appel : « Je me réjouis que l’opposition contre le TTIP se soit renforcée, mais il faut à présent que le gouvernement et que tous les partis politiques du pays forment un front commun contre ce traité », s’est-il exclamé.
Au niveau national, tout n’est pas rose non plus. Les politiques mises en place par le gouvernement Bettel ne sont en effet pas de nature à rencontrer l’approbation d’André Roeltgen. Outre l’avancée récente acquise sur le congé parental et qualifiée de «positive», les mauvais choix pleuvent.
Et l’État social luxembourgeois en est la première victime. « Qui veut construire l’avenir doit protéger son État social », telle est la maxime énoncée par le président de l’OGBL en guise de réponse aux coupes budgétaires du gouvernement.
Le patronat doit «passer des paroles aux actes»
Pour lutter contre le chômage et conférer une meilleure protection sociale aux salariés du pays, les plans sociaux et plans pour l’emploi doivent être revus en profondeur, selon le chef de l’OGBL. Pour ce faire, le patronat doit enfin mettre la main à la pâte : « L’Union des entreprises luxembourgeoises doit passer de la parole aux actes concernant dialogue social », a-t-il dénoncé. Quant au CSV, il a été renvoyé à sa politique «erronée» au sujet de l’indexation des salaires.
Une fois la tempête passée, André Roeltgen a estimé que le temps de l’accalmie était arrivé. Du moins provisoirement, afin que ses partisans et autres salariés du pays puissent profiter d’un 1 er Mai bien mérité. La chute de son discours était tracée d’avance : « Vive le 1 er mai, vive l’OGBL! »
Claude Damiani
>> Entretien avec le nouveau président de l’OGBL, André Roeltgen
>> Pour l’OGBL, « il faut mieux réguler le temps de travail »