Didier Philippe, ancien coach à succès du F91 devenu agent de joueurs, a mille histoires liées au foot à raconter.
Mardi dernier, 16h15, Thionville. Le café s’appelle « Le Luxembourg » et c’est très bien comme cela. Le rendez-vous a été fixé dans la sous-préfecture de Moselle mais aurait très bien pu avoir lieu ailleurs. Le soir-même, Didier Philippe se trouvait à Wiltz pour finaliser la signature du jeune Gérard Mersch au Fola. Lundi, il avait accompagné Laurent Jans en Belgique signer son premier contrat pro au Waasland-Beveren.
Mercredi, il faisait un crochet par les installations du FC Metz, histoire de voir ses poulains Ahmed Kashi et Sergei Krivets. Depuis qu’il a quitté son poste d’entraîneur du F91 fin 2012, l’homme qui a aujourd’hui 53 ans a fait de l’Europe son terrain de jeu. «Je passe six à sept heures au téléphone par jour et fais 80 000 kilomètres par an.
Ce n’est pas un gage de réussite mais bon, c’est le métier.» Philippe a deux téléphones. Les deux pour le boulot. Au moment de poser pour la photo mardi, il en range un dans la poche intérieure de sa veste en cuir. «Après, on va croire que je suis le Jorge Mendes du coin», dit-il, presque gêné, quelques secondes avant de voir arriver sa bouteille d’eau plate. Chez Philippe, il n’y a pas que l’eau qui coule de source, il y a aussi sa profession d’agent, devenue concrète depuis la création de Top Soccer, sa propre société, en juin 2013.
Il fallait bien faire fructifier un réseau hallucinant. Pour l’instant, il s’«occupe de douze à quinze joueurs», parmi lesquels, donc, Jans, Mersch mais aussi quelques jeunes du FC Metz comme Cédric Sacras, international luxembourgeois U21 et a répondu à l’appel de la famille Thill pour signer le contrat de Vincent au FC Metz. Top Soccer fait partie d’un groupe plus puissant sur la scène internationale, Soccer and More, qui a géré notamment les intérêts de Per Mertesacker et Papiss Cissé.
Philippe trempe dans ce milieu, a un agenda de ministre mais brise le cliché qui dit que l’agent est un être obsédé par le fric. «Évidemment que quand je fais Obraniak de Bordeaux au Werder Brême, c’est plus intéressant financièrement qu’un mouvement en BGL Ligue.
Mais je mets tous les transferts sur le même plan», assure-t-il. Il suffit de parler quelques minutes pour le vérifier. L’ancien responsable du recrutement du FC Metz et éphémère entraîneur adjoint de Joël Muller pense réellement ce qu’il dit. Mais ne dit pas toujours ce qu’il pense : «Être un bon agent, ce n’est pas avoir du bagou mais savoir écouter le joueur et le club.»
Cette formule n’est pas une pirouette pour se donner une bonne image. Pour autant, l’art de l’acrobatie ne lui est pas étranger. Retour en 1974, dans sa Moselle-est natale. Didier a 13 ans et jongle entre la gymnastique et le foot. La gym lui demande alors de faire un choix. «J’étais champion de Lorraine de gymnastique.
On m’avait programmé pour aller aux JO de Moscou en 1980. Mais j’ai dû faire un choix. C’était évident, c’était le foot.» Jean-Luc Cairon, avec lequel il se tirait la bourre durant sa jeunesse, terminera 5e au cheval d’arçon aux JO de Los Angeles en 1984.
L’âme du gymnaste n’a pas totalement disparu. Son dernier salto arrière date de 2007, alors qu’il entraîne Sarrebruck. «J’ai fait une petite démonstration à mes joueurs. On va dire que la prise de poids est un peu difficile mais ce salto, il n’était pas si mal», fanfaronne-t-il.
Matthieu Pécot
Retrouvez l’intégralité du portrait dans Le Quotidien papier de ce jeudi.