Avec un bénéfice net en baisse et un conflit social difficile à résoudre, Cargolux parvient à rester optimiste en mettant en avant son positionnement mondial.
Cargolux a tenu sa conférence de presse annuelle et a présenté ses résultats pour l’année 2014. Globalement, le transporteur aérien finit l’exercice précédent positivement avec un bénéfice de 2,9 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 2 148 milliards de dollars. Un résultat qui contraste avec les 7,6 millions de dollars de bénéfice en 2013, soit une chute libre de 62,9 %. «Cargolux a très bien terminé l’année 2014 grâce à la chute des produits pétroliers. La baisse de notre chiffre d’affaires est à mettre sur le compte de dépenses exceptionnelles et de la dévaluation de nos avions de type Boeing 747-700», a expliqué Richard Forson, directeur financier de Cargolux.
828 658 tonnes transportées
En effet, il faut mettre en perspective la perte de valeur, à hauteur de 40 millions de dollars, de la flotte de Boeing ainsi que les effets de la dernière grève sur la côte Ouest des États-Unis. Richard Forson a également précisé que Cargolux avait provisionné 16 millions de dollars pour des affaires juridiques.
«Il est important d’améliorer la productivité et l’efficacité de Cargolux tout en restant innovant sur plusieurs marchés. Notre activité globale est en hausse malgré une concurrence agressive sur le marché, et plus précisément des transporteurs venant du Moyen-Orient», a souligné Richard Forson.
Cargolux occupe la place de septième transporteur aérien sur le marché mondial de fret, progressant de 10,8 %, ce qui permet à la compagnie de fret d’occuper 3,7 % du marché. Dans ce classement, on peut effectivement voir que Qatar Airways a progressé de 21,5 %. Les trois premières places étant occupées par Emirates, Cathay Pacific et Air France.
Autre signe encourageant, le volume de marchandises transportées en 2014, en hausse de 9,9 % avec 828 658 tonnes de marchandises contre 752 764 tonnes en 2013.
Climat social toujours tendu
Sur un marché agressif et tendu, la direction de Cargolux a affirmé que l’entreprise devra faire des efforts économiques pour pouvoir rester compétitif, en avançant le chiffre de 400 millions de dollars d’économies sur les dix prochaines années. «À l’heure actuelle, il n’est pas possible de rester compétitif avec un tel niveau de salaire et un tel volume d’heures», a souligné Dirk Reich, directeur exécutif.
Une phrase qui risque d’aggraver les relations de la direction avec le syndicat LCGB. Ce dernier est en conflit ouvert depuis plusieurs mois et revendique une plus grande transparence, mais également une renégociation de la convention collective. «Pour le moment, nous sommes dans l’impasse avec la direction de Cargolux, dit Aloyse Kapweiler, en charge du dossier Cargolux au sein du syndicat chrétien.
Nous avons proposé plusieurs solutions qui nous semblent viables et faisant économiser 7 millions à la direction sans casse sur les emplois. Mais nos solutions ont toutes été rejetées, c’est incompréhensible. Si nous ne trouvons pas un accord d’ici le début de l’été, nous serons amenés à prendre des mesures plus radicales, puisque nous serons légalement dans notre droit de commencer un mouvement de grève.» Dirk Reich n’a pas voulu faire de commentaire sur le conflit avec le LCGB, affirmant que cela ne représentait qu’une minorité d’employés.
De son côté, l’OGBL tient une tout autre ligne de conduite en affirmant que les négociations sont toujours en cours et qu’elles avancent : «Nous avons formé des groupes de travail et nous discutons avec la direction qui a déjà accepté de faire un pas vers nos revendications. Il reste encore beaucoup à faire, mais je ne peux pas dire que les négociations sont dans une impasse, au contraire», souligne Hubert Hollerich, secrétaire central de l’OGBL.
Dans la présentation du résultat de l’année 2014, la part du coût du personnel représente 12 % des dépenses du transporteur, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2013. Le secteur le plus coûteux reste le carburant, qui représente 44 % des dépenses, soit une hausse de 5,9 %. L’amortissement et la dépréciation restent le plus gros point noir avec une hausse de 45,3 % par rapport à 2013.
Pour couronner la conférence, la direction a dû faire face aux révélations de la direction de l’Aviation civile (DAC) concernant Cargolux Italia qui a, semble-t-il, largement enfreint les règles en matière de temps de vol des pilotes en 2011. Dirk Reich a tenu à souligner que cette affaire concernait uniquement Cargolux Italia. Paul Helminger, président de Cargolux, s’est étonné de voir cette affaire sortir dans les médias, coïncidant avec les négociations syndicales.
Jeremy Zabatta