Ces frissons si particuliers. Ce sont ceux qui annoncent une tempête musicale. Quelle chance d’être aux premières loges ! Déjà les poils se hérissent…
Au sous-sol du Konrad, mardi soir à Luxembourg, une jeune femme a repoussé les étroits murs du caveau pour y déployer ses ailes. Elle n’est pourtant pas venue seule : «D’étranges figures sont assises sur le toit. Ce sont des oiseaux sanglants. Et ils emportent une partie de moi. Je ne choisirai pas de sauter cette fois» nous prévient-elle.
Il ne faut jamais se fier aux apparences. Alaudidae est un oiseau. Un oiseau éblouissant, qui cache dans ses plumes la jeune danoise Lærke Corfix. Sa venue en 2014 au Luxembourg, où elle a présenté son premier album Whitewater lors du Festival Food for your Senses, avait marqué les esprits.
Mardi soir, elle a confirmé qu’elle n’était pas un mirage. Sa musique ? «Je dirai qu’elle est sensible, honnête, et plutôt calme» répond-elle, citant Feist, Janis Joplin, Otis Redding. Sensible et honnête, oui, comme ces rares musiciens qui savent accorder vibration et émotion. Car si l’émotion est falsifiée, comment la musique peut-elle sonner juste ? Par contre, calme… Une nuée d’oiseaux parait bien calme au loin, tant qu’on ne se trouve pas au cœur de leur maelström.
Lorsqu’elle livre une pensée inquiète pour son père parti guerroyer en Afghanistan, ou qu’elle ose s’insinuer dans l’esprit d’un tueur, sa voix devient ténébreuse, sa guitare électrique, et la tempête n’est pas loin… Mais ce n’est pas de mauvais augure. Le public du Konrad vous le confirmera, Lærke Corfix est un oiseau porte-bonheur. Tiens, il parait qu’en latin, dit-elle, Alaudidae veut dire chance…
Romain Van Dyck